Après deux ans d’attente et l’estimable "Mozaik", les Allemands de Frames reviennent de leur expédition en territoire post-rock qui visait la recherche de nouvelles sonorités. Pourtant "In Via", cartographie instrumentale délimitant cette exploration, ne sort pas foncièrement du cadre dans lequel leur premier effort se concentrait. A vrai dire, faire l’inventaire des changements au sein de l’équipage se résumerait à évoquer l’arrivée de Hajo Cirksena à la basse, voire d’un nouveau logo plus design.
D’un bout à l’autre de l’album, l’angle d’attaque reste donc quasiment le même. L’entame installe des mélodies délicates où se répondent guitares et piano ou des thèmes plus cadencés pour que subitement une vague électrique, lourde, vienne casser massivement ces harmonies. Les sections plus calmes, comme sur "Departure", renvoient directement au travail d’Oceansize mais aussi à des ambiances plus jazzy ("Don’t Stay Here"), lounge ("End Of A Decade") ou même un peu à la Yann Tiersen ("Coda"). Le court "Calm Wisdom" reste dans ce dernier registre en scellant le mariage mélancolique d’un piano et d’un violoncelle. A l’opposé, les parties plus charnues en décibels empiètent jusqu’aux zones telluriques du post-core, mais sans jamais y mettre les deux pieds, d’autant que l’absence de vocaux (de guttural en l’occurrence) amenuise quand même l’impact de cette agressivité.
En toile de fond, le quartet issu de Hanovre privilégie toujours une musique atmosphérique et mélodieuse aidé par quelques nappes de claviers (orgue Hammond, violon,…) qui apportent une dimension épique ou dramatique le cas échéant. Si l’effet recherché en était l’escalade des émotions, lorsque ces physionomies les plus enflammées s’imposent, le rendu est des plus réussi.
Réussi, comme l’album dans son ensemble finalement. Avec ce second opus, Frames, passe la phase la séduction pour se lancer dans des avances que peu d’entre nous ne pourront repousser.