A force de multiplier alternativement les albums avec ses deux formations Cavalera Conspiracy et Soulfly, on peut affirmer sans crainte que Max Cavalera s'est quelque peu banalisé sur la scène métal. Et ce d'autant plus que ses dernières productions sont loin d'avoir fait l'unanimité. On peut même affirmer qu'on n'attendait plus vraiment grand chose d'une des formations du brésilien, tant celui-ci paraissait en panne d'inspiration musicale. Max Cavalera semblait plonger dans un automatisme de compositions plus ou moins honorables mais sans guère de charme. Et voilà que déboule dans les bacs le nouvel opus de Soulfly intitulé "Enslaved", sonnant le réveil d'un Max Cavalera qui semblait devenu léthargique.
Sans varier sa musique, engoncé qu'il est dans son style, Max Cavalera ne nous avait pas livré un aussi bon album depuis belles lurettes. Avec "Enslaved", l'inspiration semble avoir été retrouvée. Certainement moins directe qu'un "Dark Ages", ce nouvel opus propose un Soulfly aux compositions denses, tout en variations rythmiques et aux qualités mélodiques éprouvées. Tous les ingrédients d'un bon album de Max Cavalera sont là. D'abord saluons le retour de cette touche exotique avec percussions et berimbau sur "American Steel", ainsi que le chant en portugais et les guitares accoustiques sur "Plata o Plomo". Ensuite, il y a les refrains susceptibles d'être scandés aux concerts du groupe tels qu'un "World scum" ou un "Legions". Enfin, il y a les compositions aux fulgurances thrash vitaminées à l'instar d'un "Intervention" ou d'un "Treachery" au début et à la fin jubilatoire.
Nonobstant, à l'écoute de cet album on pourrait malgré tout émettre quelques réserves. Tout d'abord, il est indéniable que les deux titres finaux, "Chains" et "Revengeance" ne sont rien d'autre que d'honnêtes compositions de remplissage. Mais surtout, de cet opus on ressort avec une impression mitigée entre la satisfaction d'une richesse des compositions et la sensation d'un Max Cavalera voulant trop en faire. Il en est ainsi avec des compositions telles que "Redemption Of Man By God" ou surtout "Chains" qui, par exemple, s'étire initulement en longueur par l'abus d'effets sonores par forcément bienvenus.
Alors certes, on est encore loin de l'album parfait. N'empêche qu'"Enslaved" est le meilleur album que Max Cavalera nous ait offert ces dernières années et cela fait plaisir à écouter...
A noter, que la version limitée de l'album contient trois titres bonus originaux dont le coutumier intrumental, pour une fois absent de l'album normal. Cet instrumental, "Soulfly VIII" est une sorte de ballade accoustique avec des violons aux antipodes de l'univers soulflien avec même, un moment, un petit côté satrianien. Quant aux deux autres compositions, elles s'inscrivent dans la droite lignée de l'album avec une préférence pour un "Bastard" hanté bien plus rentre dedans qu'un "Slave" certes exotique mais tout juste honnête.