Il a beau ne pas avoir eu un succès semblable à son pendant doré nommé "Made In Japan", ce "Made In Europe", sorti quatre années plus tard, possède tous les atouts pour figurer dans le trio de tête des nombreux albums live du groupe. Enregistré en Avril 1975 sur trois dates européennes (Autriche, Allemagne et France), il marque après deux albums ("Burn" et "Strombringer") la fin du règne du Purple Mark III, c'est-à-dire la période Hughes/Coverdale mais avec Blackmore.
L’énergie développée ici est ahurissante ! Chaque musicien semble à son top, même Ritchie Blackmore qui pourtant avait déjà la tête ailleurs, non pas dans les nuages mais vers l’arc en ciel qui servait de décor au fond de scène ces années là. Scène que foula en première partie un autre groupe nommé Elf et dont le chanteur allait bientôt rejoindre Ritchie himself pour former Rainbow. Mais nous n’y sommes pas encore et le Purple Mark III a encore des choses à dire ! Paice et Hughes semblent possédés et composent une rythmique Rock et groovy imposante pour l’époque. Ritchie éclabousse ‘Burn’ et ‘You Fool No One’ de classe et d’impros divines, Lord sonne très heavy et vient ajouter à ‘Stormbringer’ un solo absent en version studio. Quant au duo Coverdale/Hughes, il joue à se tirer la couverture, multipliant les interventions musclées ou autres toutes en feeling.
‘Mistreated’ voit la guitare de Blackmore se lancer dans une longue Jam bluesy électrisante et sur laquelle Coverdale reprend le ‘Rock Me Baby’ de B.B King d’une façon que l’on qualifierait presque de caricaturale de nos jours, mais avec quel organe ! ‘You Fool No One’, l’un des trois titres issu de "Strombringer" dépasse allègrement le quart d’heure grâce à une intro tout en longueur signée Jon Lord (qui bidouille ses touches et boutons avec un malicieux plaisir) et un solo moins utile de Ian Paice. ‘Stormbringer’ comme ‘Burn’ trouvent ici une énergie bien supérieure à leur pendant studio, la première se voulant plus lourde et métallique, la seconde plus rapide et doté d’un son de guitare plus rugueux. ‘Lady Double Dealer’, un titre plus calibré radio à l’époque, trouve sa place dans cette trop courte setlist. Plus crue et puissante également, elle contient un pont chanté en harmonie par le binôme survolté.
Mieux maitrisé que le "Live At The California Jam" sur lequel les petits nouveaux n’avaient pas encore cette assurance, moins complet que le "Mark III : The Final Concert" mais plus convainquant car Ritchie avait encore le feu sacré, il se révèle finalement le meilleur souvenir live de ce line-up décidément très impressionnant, en atteste la carrière flamboyante de chacun de ses membres dans le monde du Hard-Rock, et accessoirement de la musique médiévale !