Jeff Scott Soto voilà un nom de vocaliste qui devrait vous évoquer quelque chose non ? Les moins calés d’entre vous penseront aux deux premiers albums de Malmsteen, ceux qui ont en poche leur BAC Hard Rock rajouteront Talisman et Journey, les valeureux qui ont continué leurs études se souviendront du Trans Syberian Orchestra, d’Axel Rudy Pell et de W.E.T., les petits génies fanfaronneront en citant Soul Sirkus, Takara et Eyes. Quoiqu’il en soit le gaillard a une sacrée carte de visite. Outre sa participation au sein de ces combos, le Monsieur, depuis 1994 et « Love Parade », a sorti quatre albums solo, trois live et une compilation de ballades. « Beautiful Mess », sorti en 2008, avait déçu les fans. Habitués qu’ils étaient aux productions FM/AOR du porto-américain, la Pop Rock/Funk proposée sur cet opus les avait en effet déroutés. Quatre ans plus tard, le garçon nous propose un « Damage Control » qui interroge les foules. Que va nous sortir de sa besace le chevelu aux lunettes noires ?
Que les hardos se rassurent, Jeff est revenu à ses premiers amours. « Damage Control », c’est du Hard Rock (donc du dur), du vrai, du tatoué FM/AOR. Ne nous étonnons-nous donc pas de retrouver ici, parmi les invités et contributeurs de renom à cet album, des musiciens de Treat, de Night Ranger et même le Père Menikitti de Y & T. Les amateurs des cordes vocales de Soto en auront pour leur argent tant le vocaliste brille ici de virtuosité et les nostalgiques de la belle époque seront heureux de retrouver aux fûts l’ancien batteur de Talisman.
Jeff Scott Soto a donc la pêche en cette année 2012, il serre d’ailleurs son petit poing sur la pochette pour bien nous le faire comprendre, et ça s’entend d’emblée à l’écoute des trois premiers titres de l’œuvre qui assomment prestement l’auditoire. On pense à W.E.T. lorsqu’on découvre avec bonheur les tonitruants « Give A Little More », « Damage Control » et « Look Inside Your Heart » (vidéo ci-dessous). L’AOR prend ensuite le dessus, les guitares sont moins tranchantes, mais les belles mélodies sont toujours présentes, preuves en sont l’irrésistible « Die A Little » et le très Night Ranger « If I Never Let Her Go ». Le Hard FM ne reste toutefois pas longtemps au repos, vous en conviendrez à l’écoute de l’enlevé « Tears That I Cry » mais il s’efface rapidement au son de la ballade « BonaFide » qui ne révolutionne pas le genre mais qui reste de qualité, ce qui n’est pas forcément le cas du désarticulé « Krazy World » qui manque de points d’accroche. Heureusement, la magnificence du FM revient avec un somptueux « How To Love Again » qui nous rappelle de bons souvenirs des 80’s. Le très teinté Extreme « Afterworld » et le sensible « Never Ending World » clôturent l’album un léger ton en dessous de la moyenne de l’album.
Monsieur Soto a donc plutôt réussi son coup avec son cinquième opus solo. Moins brillant que son dernier album en date, l’exceptionnel œuvre éponyme de W.E.T. dont le second essai ne devrait pas tarder à sortir, il parvient néanmoins à nous gratifier avec « Damage Control » d’un disque de Hard FM/AOR de qualité indéniable, comme la plupart de ses travaux d’ailleurs, et nous faire patienter en attendant W.E.T. le retour.