C'est un peu plus de deux ans après "En L'honneur De Jupiter" que parait ce 6ème album des français d'Aqme. Il fait suite à un album de belle qualité qui avait permis au groupe de se détacher définitivement de son passé et de franchir une étape importante vers une certaine maturité musicale.
Avec "Epithète, Dominion, Epitaphe", Aqme a l'occasion d'enfoncer le clou en confirmant qu'il est installé pour de bon sur la scène métallique hexagonale. Et le groupe semble avoir saisi cette occasion de belle manière en continuant sur la piste musicale explorée précédemment. Déjà vocalement Thomas Thirrion a largement progressé, perdant toute naïveté pour exploser et s'affirmer comme un chanteur hurlé très crédible. Il a mis de côté en grande partie les passages plus calmes, ne les gardant que pour renforcer le côté émotionnel des chansons. De fait il contribue largement à ce côté heavy métal qui transpire dans chaque titre, aidé en cela encore une fois par les riffs et soli tranchants de Julien Hekking qui confirme tout le bien que l'on pensait de lui. Son jeu précis, technique et fluide est une composante fondamentale des pistes. A l'instar d'un Phil Demmel (Machine Head), il pose sa griffe et transcende le groupe.
De fait le métal moderne teinté de hardcore et de death métal présenté ici fait mouche tout le long des 11 pistes. La production y est excellente et puissante tout en conservant un son très naturel. Et entre un "Idiologie" rageur ou un "La Dialectique Des Possédés" et ses parties de blast beat, Aqme ne nous laisse guère le temps de souffler. Ajoutons à ces deux titres, "My English Is Pretty Bad", qui commence avec une douceur trompeuse pour mieux partir en force avec la présence vocale d'un Stéphane Buriez (Loudblast) toujours aussi incisif et qui mêle bien sa voix à celle de Thomas Thirrion.
Par la suite, le groupe propose des chansons plus posées, puissantes mais variées et accrocheuses. Ainsi sur "Plus Tard Vs Trop Tard" l'ambiance s'assombrit, le chant clair est plus présent et très maitrisé amenant un soupçon de mélancolie et les riffs et soli se font aussi bien techniques qu'atmosphériques. "L'Empire Des Jours Semblables" fait aussi forte impression dans ce patchwork d'ambiances, passant facilement de la douceur à la brutalité sans que cela ne paraisse forcé. Enfin "110.587" achève de nous convaincre, porté par un chant fort et, entre death, métal classique et atmosphérique, il propose un aspect épique remarquable notamment sur la superbe partie finale.
"Epithète, Dominion, Epitaphe" est donc une très belle surprise. Il confirme la forme artistique d'un Aqme que l'on sent clairement devenu adulte et sur de sa musique. Il reste à espérer que le départ surprise de Thomas - qui réalise ici de loin sa meilleure performance vocale - juste après l'enregistrement de cet album ne soit pas un frein aux ambitions d'un groupe qui a tout pour s'imposer parmi les leaders de la scène française.