On se souvient d'Immortal et de son Sons Of Northern Darkness, peinture frissonnante d'un monde figé par un froid éternel. A l'extrême opposé, Hogjaw en baptisant son nouvel album Sons Of The Western Skies, nous invite à le suivre chez lui, au milieu du désert US et ces petits bleds d'une Amérique profonde comme on dit chez nous avec cette pointe de mépris franchouillarde.
Casquette militaire, arme à feu, drapeau du Texas, les attributs qu'il affiche font du quator un groupe selon le coeur d'un Ted Nugent avec lequel on l'imaginerait bien taillé le boeuf. Le décor est posé, celui du Rock sudiste qui sent (un peu) sous les bras et à l'haleine chargé en Jack Daniels. Le chanteur et guitariste Jonboat Jones a la gueule et le physique de l'emploi : barbu et imposant. Mais aussi la gorge rapeuse idéale pour vidanger ce Southern Rock aux teintes bluesy, coulé dans le plomb ("Six Shots") et chauffé au soleil.
Quand il sort l'artillerie, Hogjaw fait mouche, tirant des cartouches aux allures d'hymnes instantanés, taillés pour avaler les kilomètres à bord d'une Mustang sur une route sans fin qui se perd dans l'horizon. Le remuant "Spoonfred" que fend un solo digne du Blackmore d"Highway Star", "Hells 1/2 Home Of Mine", lourd et graisseux et "Road Of Fools", traversé par un riff rouleau-compresseur, remplissent avec le déjà cité "Six Shots" leur cahier des charges et une première moitié avec classe et la solidité d'un roc. Le registre plus épique sied également plutôt bien aux Ricains, comme en témoignent les huit minutes de "Look To The Sky" à l'atmosphère envoûtante et où galopent des guitares belles à en pleurer.
Par contre, au demeurant agréables, les modelés plus lisses, plus propres sur eux, à l'image de "Everyone Goin' Fishin'" rehaussé de cuivres et la longue ballade finale "The Sum Of All Things" ne paraissent pas ici être vraiment à leur place. Tombant comme un cheveux sur la soupe, ils ont pour effet de casser une dynamique qui pouvait parfaitement s'interdire ce genre de pause, (très) léger bémol qui ne grève néanmoins en rien le plaisir évident que l'on ressent à l'écoute de cette galette rafraichissante d'un naturel appréciable. Une bonne pioche donc qui donne envie de se (re)plonger dans les débuts de ce groupe né en 2006 et dont le tableau de chasse comprend deux précédentes rondelles.