Klaus Luley a fait ses armes au sein du groupe Tokyo qui a produit trois albums de Hard Mélodique entre 1981 et 1983 et du combo Craaft qui a sorti trois opus du même tonneau entre 1986 et 1992. Ce guitariste et homme de claviers allemand, qui à ces occasions a tourné avec quelques pointures comme Scorpions, Queen, Bon Jovi, Europe et Marillion, nous propose, en cette année 2012, un album solo vingt ans après la dernière production de Craaft.
La tendance en cours chez certains labels de sortir les vieilles gloires de leur retraite est notoire et elle n’est pas à tous coups gage de réussite. Ici, il semblerait tout de même que ce qui a poussé l’artiste à ajouter, avec ce « Today’s Tomorrow », une pierre à son édifice soit une rencontre, il y a deux ans, avec le producteur de Schenker, le dénommé Michael Voss qui, soit dit en passant, tient le micro chez Mad Max. La question existentielle du jour est donc de savoir si cet opus sent le renfermé ou si l’hibernation fût salvatrice.
Luley officiait dans le Hard tranquille et les vingt années supplémentaires à son compteur personnel n’ont rien changé à la donne. Le Luley de 2012 reste campé sur ses positions stylistiques et nous propose un album de FM/AOR teinté 80’s comme si le temps avait suspendu son vol durant deux décennies. Pour rester dans le sépia des souvenirs passés, il nous ressort d’ailleurs une nouvelle (peu révolutionnaire) version du titre « Tokyo » qui avait affolé les charts à l’époque où le groupe du même nom avait l’oreille des foules. Détail étonnant, ce titre vient également d’être repris par At Vance sur son nouvel album, les deux groupes allemands ne s’étant visiblement pas concertés sur ce coup-là.
Pour le reste, à tout vous dire, l’ennui nous guette un brin. La faute à des couplets lourdingues (« Still Got A Long Way To Go » et ses effets de claviers genre « Cosmos 1999 »), des synthés 80’s désuets (« Can’t Leave Without You » qui ramène à un Europe prépubère), un mid-tempo AOR gnian-gnian (« Mountain Of Love » et ses chœurs féminins poussifs), des mélodies qui manquent un chouilla de verve (« When The Night Comes Down », « Sleepin Away » et « Higher ») et une tentative peu convaincante de ballade à la Scorpions (« Livin In The Night » où Luley vire au Meine). Seuls surnagent « Take Me Today » malgré ses claviers Bontempi, car la mélodie fait mouche même si on frôle la répétition, le bluesy « Here In My Arms » avec ses guitares qui décollent enfin, « Don’t Wanna See Your Face » qui a un petit air de McAuley Schenker Group et "Tokyo" qui reste un titre ambalant.
« Today’s Tomorrow » est donc un album d’AOR/FM comme il en existe tant, une œuvre sans génie à classer en dessous de la moyenne du genre. Les 80’s dans le style nous ont proposé largement mieux, que se soit au niveau des mélodies mais également des soli de six-cordes qui ici sont loin d’accrocher l’auditoire mélodiquement parlant. L’hibernation durant une double décade n’a donc rien généré de prodigieux, Luley a peu de chance de retrouver avec cet opus son (relatif) succès d’antan.