Il aura fallu plus de 4 ans aux marseillais d'ETHS pour donner un successeur à "Tétralogie" son deuxième album. Dans cet intervalle le groupe a pas mal tourné, en France bien sur, mais aussi un peu partout en Europe et dans le monde, obtenant une certaine crédibilité. Car depuis ses débuts, ETHS a pas mal divisé le monde métallique hexagonal. Si la jeune frange de fans a immédiatement adhéré à son néo métal teinté de hardcore et porté par la voix éraillée et sombre de Candice, le groupe s'est en revanche attiré les foudres d'une partie de la communauté, le prenant pour un effet de mode et raillant ses aspects rebelles et emblématiques d'une jeune génération en crise d'identité. Malgré tout les marseillais ont tenu bon, fait le dos rond, muri et ils ont travaillé tranquillement pour donner un successeur à "Tétralogie". Candice a pris le temps de la maternité, a sorti une méthode de chant rock et métal en 2011 tandis que le groupe changeait de bassiste et voyait le retour de Guillaume Dupré à la batterie.
Ce "III" dispose d'une production colossale, claire et puissante, sortie des studios Fredman (Opeth, In Flames). Le groupe n'a certes pas fondamentalement changé sa musique, proposant un mix entre hardcore, heavy death et néo métal porté par une Candice qui alterne hurlements et chants clairs avec aisance, mais on sent une franche maturité et une intelligence de composition tout le long de l'album.
"Voragine" lance l'album avec fureur mais elle se voit adoucie par de nombreux passages chantés en clair. C'est cette caractéristique qui fait la force d'ETHS, alterner les passages hurlés, sur lesquels Candice n'a pas grand-chose à envier à Angela Gossow, et passages clairs, presque pop. "Harmaguedon" en est une belle preuve, le tempo est très brutal mais quand Candice se lance dans la douceur vocale, cela crée un contraste surprenant et très prenant, presque schizophrénique qui fait largement son effet tant ce mélange entre pop et death hardcore fonctionne à merveille.
Et avec "Adonaï", au passage final parlé, sombre et ensorcelant à souhait, "Inasis Venter", savant mélange vocal de hardcore et de pop, Candice sortant même sur la fin des vocaux que ne renierait pas Mylène Farmer, "Sidus", très death tribal à la Soulfly dans l'esprit et "Hercolubus", il y a de quoi faire au niveau mélange de brutalité et de douceur. Il y a même un tube en puissance avec "Gravis Enter". Le titre chanté essentiellement en clair propose une introduction heavy et groovy, d'excellents riffs, un aspect rock plus accrocheur et des arrangements orchestraux assez inattendus qui finissent le tout en beauté. Enfin avec "Proserpina", aux multiples changements de tempo, et "Anatemnein", belle pièce rock et sombre aux limites de l'atmosphérique sur la fin, ETHS montre une nouvelle fois son évolution avec des titres très bien construits.
Ce "III" est donc une belle et grande surprise. Oui ETHS n'est plus un simple groupe pour adolescents en crise mais une formation crédible musicalement et artistiquement menée par une chanteuse charismatique qui n'a rien envier à ses consœurs. En tout cas ce disque devrait permettre aux marseillais de frapper fort bien au delà de nos frontières.