Né de la rencontre entre Mark Davon et Vinny Appice (Black Sabbath, Dio) en 2009, Kill Devil Hill a complètement pris son élan avec l'arrivée de Dewey Bragg, encore novice dans le métier au chant. Puis le rajout ensuite de Rex Brown (Down, Pantera), ami de longue date de Appice, en 2010 a donné à la formation américaine des allures de super groupe comme il s'en fait tant ces dernières années.
Musicalement la formation s'est donné comme but de faire du hard teinté de métal avec un son vintage tout en gardant une part de modernité. Et vu le palmarès des deux figures du groupe, Brown et Appice, il ne fait guère de doutes que ce premier album éponyme sonne comme une rencontre de leurs anciennes formations. Et si parfois les grandes rencontres accouchent de déceptions cela n'est ici pas le cas tant ce premier jet est de grande classe. Il révèle aussi un chanteur formidable avec Dewey Bragg, digne héritier d'un Layne Staley qui offre à Kill Devil Hill un supplément d'âme, un aspect sombre et glauque et finalement lui évite de sonner comme une formation lambda de hard rock classique. En ajoutant un guitariste, Mark Davon, passé par W.A.S.P. et Ratt, qui a un touché et un feeling remarquable, on se retrouve devant une œuvre prenante, parfait croisement entre Down, Alice In Chains et Black Sabbath.
Et l'album comporte nombre de très grands morceaux, notamment ceux où Bragg se rapproche le plus de Staley - sans pour autant le plagier - avec le même charisme et ce sentiment de désespoir chanté. Ainsi "Gates Of Hell" se présente comme une pépite sombre et envoutante, au refrain rempli de noirceur avec une ligne de basse très présente et des riffs et soli magnifiques de groove et de feeling. Dans la même lignée on ne peut passer à côté d'un "Rise From The Shadow" très Sabbathien ou de "Time & Time Again" et de "Up In Flames" autre grand moment de noirceur qui font la force et le cœur de l'album.
Ensuite avec des titres comme "War Machine", "Old Man" et "Voodoo Doll", Kill Devil Hill se fait plus rapide et accrocheur, moins torturé mais tout aussi efficace donnant une belle place à la frappe de Vinny Appice et à des riffs bien heavy. Le groupe nous signe aussi une étonnante ballade acoustique, "Mysterious Ways", très claire et optimiste en contre pied de l'atmosphère pesante avec un petit aspect Led Zeppellin du meilleur effet. Enfin un titre comme "Revenge" met particulièrement en lumière le jeu groovy et précis de Mark Davon, qui est clairement l'autre révélation de cet album. Avec ses soli mélodiques et rapides, il donne à cette chanson une belle filiation à la Pantera
Ce premier album éponyme est donc une réussite complète. En mixant pas mal d'influences avec bonheur, Kill Devill Hill lance sa carrière avec panache et efficacité. On suivra en tout cas ses aventures sur scène et sur disque avec grand intérêt tant son potentiel semble pouvoir lui permettre de jouer dans la cour des plus grands et ainsi se rapprocher de Down ou Pantera.