Trio (quatuor ?) français issu du sud de notre bon hexagone, Chocolate Pain nous présente son deuxième effort après un EP paru en 2008 acclamé par la communauté rock. Ce concept-album riche de 21 titres raconte l’histoire de Syd - un homme triste et seul - qui lors dune soirée bien arrosée rencontre Max Power –égocentrique personnage - et sa copine Dawn. S’en suivra une histoire amoureuse entre Syd et Dawn que Max, rongé par la jalousie, viendra gacher par la suite.
"Bliss" est une réflexion sur le bonheur si proche et intouchable, sur les errements du malheur se penchant sur les éventualités à prendre et à détruire. Pour les cinéphiles, le concept proposé ici se rapproche de la fameuse interrogation de Leeloo dans "le 5ème élément" : Pourquoi sauver la vie quand on voit ce que vous en faites ?
Le propos de Chocolate Pain reflète cet antagonisme et se retrouve musicalement tout au long des ces 71 minutes de musique. L’atmosphère oscille entre brutalité et sensualité, du rock bien graisseux ("Who’s The Daddy ?", "Feeling Like A looser") à une tranquilité relative ("Sin wave") mais peut aussi atteindre le comble de la tristesse ("Rats"). La complexité des compositions trouvera son paroxysme lorsque le combo s’essaiera de bien belle manière à un tango justement joué (le bien nommé "The last Tango"). "The Box" (voir la vidéo ci-dessous) mettra finalement tout le monde d’accord en cristallisant le rock puissant de la formation sur un groove efficace bercé de breaks speedés tout en touchant de peu le rap dans ce qu’il a de meilleur.
Les titres les plus courts sont des transitions parlées d’une manière théâtrale permettant d’introduire les différentes évolutions des états d’âme des personnages. Le mix se veut de type prise directe et ne laisse que très peu de place aux effets habituellement présents de sorte que - à charge ou à décharge – cette dureté de son pourra tout autant blesser que toucher.
Il est aisé de se perdre en chemin tout au long de cet album compliqué et difficile d’accès – Il m'a fallu d'ailleurs me violenter deux ou trois fois avant de saisir la profondeur du message sur sa longueur – mais ceux qui prendront la peine de s'accrocher sauront profiter de la sensibilité qui se cache derrière la dureté apparente. Si "Bliss" est donc un disque surprenant et décalé qui ne manquera pas de diviser, il mérite au moins une écoute car nos amis du sud ont semble-t-il ouvert la porte vers un type de rock particulièrement original.