Fondé en 1999, le groupe Father Golem a subi nombre de turbulences avant d’accoucher de ce I/O résolument métal progressif. Durant cette période, les changements de personnels et les choix artistiques ont émaillé la jeune carrière de cette formation madrilène. Aujourd’hui Father Golem est un quintet typique du format métal progressif qui se réclame des grands groupes de rock progressif passés et actuels. Mais la principale inspiration qui ressort de l’écoute de I/O est clairement suédoise.
C’est bel et bien Pain Of Salvation (période antérieure à Road Salt) qui caractérise le plus cet album. Les espagnols y ajoutent une touche personnelle à la manière de Renaissance Of Fools et on peut même déceler du Redemption ("Last Man On Earth"). Le problème avec de telles références est qu’il faut une formation qui a des choses à dire pour ne pas sombrer dans une resucée insipide de l’étalon. N’est pas Wastefall qui veut.
Father Golem s’inscrit à égale distance de la pâle copie et de l’habile transcendance de l’originale, de sorte qu’il faille plusieurs écoutes pour effacer un premier sentiment mitigé. Mais il serait injuste de ne pas reconnaître une vraie qualité d’écriture chez les espagnols avec notamment des riffs originaux architecturés sur des rythmes saccadés ("Infradred") et un bon travail du côté des chœurs aux refrains ("The Evercycling Journey Part 2").
La voix de Dani Castro n’est pas la plus agréable ni racée qui soit, surtout quand il se prend pour Gildenlöw, mais le minimum est là. Mention spéciale pour les petites touches rafraichissantes qui viennent surprendre l’audition (le saxophone en fin de "Infradred" ou les orchestrations de "The Evercycling Journey Part 1et 2"). Enfin, Jani Philman est un guitariste soliste qui possède un vrai toucher et ses interventions sont aussi lumineuses que justes ("Sole Survivor").
Father Golem ne révolutionne pas un style brillamment représenté mais fait preuve d’une honnêteté dans le propos qui force le respect car il n’y a jamais tentative de masquer les inspirations. C’est ce qui permet à ce groupe de s’en émanciper à diverses occasions du disque et de montrer une facette plus personnelle. Si on ne fait pas de I/O un incontournable de 2012, il y a assez de points positifs dans cet album pour faire de Father Golem un groupe à suivre.