Du Heavy Métal Corse ! Qu’est-ce que cela peut bien donner ? Imaginez la rencontre improbable entre Orphaned Land et I Muvrini, ajoutez-y une bonne dose de Rock progressif et vous commencerez à entrevoir le style embrassé par Ghostone.
Pas forcément très cohérent sur le papier, le résultat tient pourtant bien la route au final. Aidé par une orchestration et une production tout en finesse et en précision, l’ensemble est aussi agréable que surprenant. La juxtaposition de parties très techniques (très proches du Rock Progressif moderne), de passages bien plus énergiques (proches du Heavy Metal), et de sonorités aussi étranges qu’exotiques, se révèle très bien agencée.
Si l’ancrage principal du groupe est très clairement un Rock progressif très moderne et très énergique, les différentes excursions musicales vers des territoires plus durs et des ambiances bien souvent inattendues sont susceptibles d’accrocher un public bien plus large. On est ainsi, parfois assez proche de l‘univers d’Incubus, d’un Laberinto qui sombrerait dans la finesse ou d’un Primus qui laisserait plus de places aux mélodies.
Un gros travail est effectué sur les rythmiques, avec notamment des parties de batterie et de guitare en perpétuelles modifications. C’est à ce demander si la recherche du contre pied permanent n’est pas une profession de fois pour Ghostone. Visiblement les greffes de bras et de jambes ont bien pris sur le batteur et celui-ci s’en donne à cœur joie. Et comme ces changements de rythmes sont portés par une technique sans faille, le résultat est loin d’être déplaisant. L’adjonction de vocaux d’inspiration « polyphonie Corse » participe également à la singularité du groupe. Et si dans ce domaine le parallèle avec I Muvrini est facile et immédiat, il ne manque cependant pas de sens. On retrouve en effet chez Ghostone la même soif de diversité et de mixité musicale que le célèbre trio Corse adopta à partir de son album « Alma ».
Tout n’est cependant pas renversant sur cet album et des titres de la trempe du dispensable "Soul Eater" et du bruyant "Killer On The Loose" ne présentent que peu d'intérêt. Mais pour l’essentiel, le voyage auquel nous convie le groupe est aussi enchanteur qu’entrainant. A l’image de l’épique "Djihad Joe" qui nous entraine d’univers légers et ethniques vers des rivages plus foncièrement Rock, le dosage énergie / ambiance est très bien agencé.
Une bonne découverte donc, qui ne saurait laisser indifférent les amateurs de prog moderne et novateur, ainsi que les aficionados de métal un brin barré et débridé.