Obsédés comme c'est pas permis, la lumineuse pochette habillant Confessions, nous avait forcément accroché l'œil. En jetant une oreille sur le contenu de cet EP séminal, nous avions alors découvert un Black néo-classique qui n'était pas sans qualité ni personnalité, bien qu'encore parfois approximatif, œuvre de deux musiciens se partageant chant (Pierre) et tout le reste (Nico). Pourtant Black Metal et symphonique puisque c'est de cette sous-chapelle qu'Helioss se réclame, sont deux étiquettes qui, à notre humble avis, ne devraient pas se voir collées l'une à l'autre, la seconde gommant de fait l'essence même de ce que doit être l'art noir. C'est dire le potentiel de cette modeste autoproduction.
Deux ans plus tard, le tandem livre sa première offrande longue durée. Du haut de ses (presque) soixante minutes de musique et treize titres, The Forthcoming Darkness est un album relativement dense qui demande un certain nombre de visites avant de prétendre avoir fait le tour du propriétaire. Autrefois hésitant, le style baroque façonné par Helioss tend à s'affirmer. Il a gagné en fluidité, aidé par une prise de son plus carrée et professionnelle et par un syncrétisme des genres plus inspiré.
Le sombre "Génocide" suffit à démontrer ces progrès, unissant riffs grésillants, blasts frénétiques estampillés Death/Black, et clavecins rapides, le tout drapé dans une ambiance nocturne. Cela pourrait être incongru - entre les mains de médiocres, ça l'aurait été - mais réussit à convaincre même les plus réticents, dont l'auteur de ces lignes fait partie. Et que dire de ce "De Occulta", fruit de la copulation entre Malmsteen et Cradle Of Filth ?
Si les puristes et autres Ayatollahs risquent de hurler au loup à l'écoute de The Forthcoming Darkness, titre qui cultive bien toute l'ambivalence d'un projet au nom faussement solaire, force est d'admettre que le duo s'en sort avec les honneurs et qu'il n'a de leçon à recevoir de personne lorsqu'il s'agit d'abattre le petit bois, à l'image du grandiloquent "Among The Dead", cependant toujours zébré de ces touches de claviers néo-classiques et des soli racés, ou du féroce "The Worm Inside". De là à prétendre qu'Helioss est une de nos valeurs sures dans le genre, il y a un pas que nous ne franchirons pas... encore.
De la bonne série B en définitive, dont le statut de projet uniquement studio est à la fois sa principale qualité (cela lui ouvre des perspectives infinies) et sa seule faiblesse en cela que lui fait défaut cette dimension organique, authentique, que seules l'expérience scénique et la dynamique de groupe peuvent conférer. Les contre-exemples, pourtant ne manquent pas, ceci dit...