S'il est bien un groupe dont la renommée est inversement proportionnelle à sa qualité, c'est bien Landmarq, groupe de néo-progressif britannique ayant accueilli les premiers pas d'un certain Damian Wilson, et porté depuis le dernier album studio par la reine du néo-prog, Tracy Hitchings. Mais 14 longues années se sont écoulées depuis la sortie de leur dernier album studio, l'ancienne muse de Clive Nolan ayant entretemps dû batailler avec succès contre un double cancer, et malgré la sortie durant cette période, de deux albums live plus un DVD, le groupe état quelque peu tombé dans l'oubli. Néanmoins, Landmarq n'est pas resté inactif, et après avoir accueilli en son sein le clone de Clive Nolan, le claviériste Mike Varty (Credo, Janison Edge, Shadowland), de nombreuses nouvelles compositions ont vu le jour, suffisamment en tout cas pour remplir à ras bord cet Entertaining Angels, et en proposer quelques autres sur un CD bonus livré avec l'édition spéciale.
Un premier coup d'œil sur la liste des titres permet de constater que le groupe a conservé son habitude d'intégrer un morceau prenant le nom de l'album qui précède. Ici, ce sont carrément deux plages (Turbulence et Thunderstruck sur le CD bonus) qui viennent rappeler les productions antérieures. Ce qui n'a également pas changé, et compte tenu des circonstances c'est tout à son honneur, c'est la voix incroyable de Tracy Hitchings qui, dès les premières paroles du morceau titre, attaque les aigus avec bonheur, faisant couler quelques frissons le long de l'échine de l'auditeur.
Côté musique, Landmarq nous propose de nouveau un néo-progressif de grande qualité, dominé par les claviers et faisant la part belle aux mélodies. Point d'agressivité métallique ici-bas, le groupe ayant su ne pas céder aux sirènes de la mode actuelle et conserver sa touche très nineties. La présence de Mike Varty apporte évidemment sa touche "nolanesque" à l'ensemble, mais sans que le groupe n'y perde son identité. Evidemment, quelques réminiscences de Strangers On A Train ou encore Caamora se retrouvent au gré de certains passages, la plage la plus marquée étant Prayer. Mais globalement, la patte habituelle de Landmarq reste bien présente, avec des soli de guitare judicieux et non invasifs, et comme petite nouveauté quelques interventions bienvenues de saxophone, ainsi que quelques notes de violon ou d'alto.
Les plages sont longues, avec deux titres épics en fin d'album, et alternent avec un réel bonheur les parties chantées et les passages instrumentaux foisonnants, dont la production soignée permet d'imprégner l'auditeur de façon quasi-hypnotique. Et c'est la dernière plage (qui est aussi la plus longue) Calm Before The Storm qui tire le mieux partie de cette tendance, concluant en beauté un album solide.
Quant au CD bonus, loin d'être comme parfois un simple appât commercial, il nous propose quatre titres retirés de la version standard par manque de place, mais d'intérêt tout aussi digne, avec en point d'orgue un Thunderstruck écrit durant la tournée ayant suivi le précédent album studio. Les trois dernières courtes plages (non mentionnées) style guitare/voix au coin du feu sont par contre plus dispensables.
Après tant d'attente, Landmarq vient nous rappeler que c'est souvent dans les meilleurs pots que l'on fait le meilleur néo, ce qui peut s'avérer une gageure tant le style s'avère décrié pour sa soit-disante simplicité et son manque d'évolution. Entre la performance une nouvelle fois fantastique de Tracy Hitchings, et des compositions passionnantes, tout concourt à faire d'Entertaining Angels une des valeurs à prendre en compte lors des prochains classements de fin d'année.