Au milieu des années 80, le label Play It Again Sam (PIAS) porte soudainement un intérêt aux nordistes de Trisomie 21. Le trio a déjà fait paraître 2 mini albums (compilés sur le CD "The First Songs") et commence doucement à faire sa place dans la cold-wave du moment à coté des Legendary Pink Dots entre autres.
La leitmotiv évident de cet album majeur (sûrement l’un des trois meilleurs du groupe avec "Million Lights") est une noirceur et une tristesse que les sons (vétustes diront certains) synthétiques illuminent. Les lignes de basses sont légions et prédominantes notamment sur le tubesque "The Last Song" digne des Cure pour sa construction imparable.
Si les fanzines gothiques se sont légitimement épris de T21, le public français aura, quant à lui, snobé le combo de bien belle manière à sa genèse, avant de découvrir ce disque qui offre un tout et un rien dans le même habit, lui permettant de sortir un peu de la scène underground dans lequel il végétait. Le mal-être est palpable sur chacun des titres et la livraison jumelle "Is Anybody Home ?" ne pourra que confirmer la dérive mélancolique noyée dans les machines, les cris et voix qui se perdent dans l’oubli.
Uniquement disponible en vinyl dans sa première version, le label aura la bonne idée de surfer sur le (relatif) succès de cet album en compilant cet opus et l’EP "Wait And Dance" sur un CD permettant au groupe d’y effectuer un toilettage en remixant, voir réenregistrant les compositions pour leur donner une nouvelle vie (et par la même un son plus propre et plus ample).
25 ans après, le son date terriblement mais il est le témoignage d’une époque et d’un art de (sur)vivre. "Chapter IV" restera comme un monument dans le mouvement industriel mais aussi une pierre angulaire de la discographie de T21. Indissociable de "Million Lights", cet opus est nécessairement nécessaire pour l’amateur du style.