Attention ! Belle découverte que ce groupe français d’Agen. Autant le signaler par avance c’est une réussite - avec tout ce que le mot a de sérieux - dont nous allons vous entretenir ici.
Weend’ô est donc un combo composé de cinq instrumentistes maîtrisant leur propos de bout en bout. Pour un premier album la maturité est surprenante, voire déstabilisante. Laetitia et Térence forment le duo - à la ville aussi - moteur du combo endossant le rôle de clavieriste/chanteuse pour la première et de guitariste pour le second. Nathanaël quant à lui réalise un travail formidable derrière les fûts – en même temps il est issu de la MAI de Nancy, établissement diablement réputé - permettant à la rythmique basse/batterie de proposer un travail d’une précision millimétrée. Proche d’un néo-progressif de haut niveau, le groupe s'évertue à délivrer de grosses guitares bien ciselées dans la veine d'un Tool supplées par la voix puissante de Laetitia qui s’approche à l'évidence d’une Anneke Van grisebergen.
La grande majorité des compositions offre un rythme soutenu mis à part le très émotif duo claviers/voix de "Soulmate", sorte de douceur sucrée avant les 3 versions originales disponibles en guise de bonus. Celles-ci sont d’un intérêt à la hauteur de l’ensemble : "Experience"et "Dark Element" se dotent de rallonges salvatrices et jouissives tandis que "Betrayal" se voit amputée pour ne laisser que la partie centrale la plus entraînante (une recherche de passage radio ?).
Introduction à la guitare classique, frappe lourde, basse ronflante et rythme syncopé, "Runaway" offre une parenthèse dans la généralité ambiante. Les sons obtenus tendent vers feu Saqqarah d’autant plus que l’enchaînement avec le titre éponyme confirme l’angle de courbe dans lequel Weend’ô s’est engagé.
"Betrayal"(version originale), passé une introduction planante avec interventions de guitare et nappes de synthés, s’oriente vers un progressif plus marqué avec moult breaks, soli de guitare électrique et l’utilisation de tiroirs encadrant la partie centrale disponible en clôture de cet opus. Finalement "Deadline" est le titre le plus torturé puisqu’il concentre en un peu plus de neuf minutes toute la puissance progressive du combo. Chaque instrument y va de son solo (mention au travail de Nathanaël aux alentours de la 7ème minute !) pour un final à la limite du folklorisme.
Vous étiez prévenus, ce disque est une réussite... Et il ne s’agit que d'un premier essai, essai qui projete Weend’ô dans la cour des grands sans passer par la case espoirs. Weend’ô vient sûrement d’offrir un des meilleurs disques français de l’année 2012 !