PAUL GILBERT: Alligator Farm (ROCK) : avis / chronique à lire sur Music Waves

Deux ans après nous avoir emporté au pays des chiens volants, l’ami Paul nous propose une visite dans une ferme d’alligators. Mais attention, ces derniers semblent bien s’être déguisés en meneuses de revue. Bref, une fois encore, Paul Gilbert nous emmène dans son monde improbable pour une ballade fort dépaysante, toujours fraiche, spontanée et agréable. Côté line-up, c’est cette fois Scotty Johnson qui épaule Paul et Tony Spinner à la guitare, alors que Jeff Martin himself, chanteur de Racer X, se tient derrière les fûts.

Pourtant, vous ne trouverez pas ici de relents de Racer X ni même de Mr.Big mais plutôt un mélange de Blues, Rock et Pop où les mélodies et harmonies sont reines et où, au détour d’un titre, éclate ça et là un solo tout en shred qui vous laissera sur l'arrière-train.

Ce guitariste-chanteur inspiré et inspirant nous envoi à plusieurs reprises un Rock Punky et direct en pleine tête, à l’image de l’opener ‘Better Chords’. Avec une telle progression d’accords et une telle énergie, ce titre aurait bien mérité de durer plus qu’une petite minute. Mais voilà, c’est aussi ça Paul Gilbert ! Heureusement, dans une même veine, ‘Cut, Cut, Cut’, au texte léger et supporté par Jeff Scott Soto sur le refrain, viendra remettre les pendules à l’heure. ‘Individually Twisted’ et ‘Attitude Boy Will Overcome’, toujours aussi pêchus et décalés, vont contribuer avec les titres suscités à constituer une première partie d’album très serrée et dynamique. Si ces derniers sonnent plus Pop-Rock que Punk-Rock, ils ne déméritent pas pour autant et leurs soli vous mettront K.O.

La suite de l’album sera plus variée, à l’image du très second degré ‘2 Become 1’, fameuse reprise des Spice Girls dans laquelle Paul parvient même à glisser avec une extrême habilité un plan du solo de ‘Stairway To Heaven’. Le titre éponyme lui, sonne comme du "Paul Gilbert With The Brian Stezer Orechestra". Drôle et gorgé de soleil, il se révèle catchy. Si l’on excepte les quelques mid-tempo gentillets que sont ‘Rosalinda Told Me Your Name’, ‘Koto Girl’ ou encore ‘Dreamed Victoria’, que seule une intro, un solo ou un final vient épicer, nous n’avons affaire ici qu’a du lourd.

Pour convaincre les plus réticents ajoutons une louche de shred pur jus sur l’instrumental ‘Let The Computer Decide’, une autre de Blues-Rock progressant comme un ‘Free Bird’ partagée avec son oncle guitariste Jimmy Kidd, et nommée ‘The Ballad Of The Last Lion’ (qui inspirera rapidement un album complet de ce beau duo), et une pincée de musique classique avec ‘Whole Lotta Sonata’ sur lequel Paul se la joue Mozart, réitérant le superbe exercice du ‘Gilberto Concerto’ de Flying Dog . Pour conclure, comment ne pas citer un titre incroyable qui semble pousser tous ceux qui le découvre à le faire tourner en boucle une quinzaine de fois avant d’en être rassasié, le fameux ‘Six Billion People’ (en écoute ci-dessous), sorte de jazz-fusion terriblement accrocheur de part une naïveté amoureuse étonnante chez Gilbert et à la mélodie imparable.

Et oui, Paul Gilbert vous en fait une fois de plus voir de toutes les couleurs dans cet album indispensable malgré (c’est une sale manie) les semi-ballades un peu trop convenues. Mais il en faut bien pour tous les goûts, n’est-ce pas !

PAUL GILBERT

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