Quand Furyon sortit son premier opus par ses propres moyens en 2010, les réactions de la presse anglaise furent plutôt positives et il bénéficia même d’une belle fenêtre médiatique via le magazine Classic Rock. Furyon se présentait alors comme une alternative nouvelle et fraîche à la déferlante du heavy rock américain allant de Soundgarden (dont le chanteur emprunte parfois la voix) à Nickelback en passant par Alice in Chains ou plus récemment Alter Bridge. Sentant sans doute l’opportunité de diversifier son portefeuille plutôt axé hard mélodique, le label italien Frontiers sauta sur l’occasion et signa le groupe. L’album "Gravitas" ressort maintenant agrémenté de quelques "bonus tracks" en version acoustique, hélas non disponibles pour cette chronique.
Présenté comme un nouveau groupe, les membres de Furyon ne sont cependant pas des débutants, puisque trois membres fondateurs officiaient déjà dans Pride, un groupe de hard mélo-FM classique qui a sorti deux albums début du deuxième millénaire. Si cet album ne renie pas cet aspect mélodique, le trio s’éloigne fortement des rives AOR que fréquentait leur groupe précédent pour offrir un visage bien plus lourd comme en témoigne le titre d’intro "Disappear Again". Le mur de guitares construit par Chris Green et Pat Heath rappelle les groupes précités ou encore les derniers Ozzy Osbourne. La mélodie est imparable, l’énergie contaminante et l'on se dit que Frontiers a eu le nez fin.
Furyon aurait pu tenter d’aligner ce genre de titres calibrés, mais il va prendre des risques. Le risque de tenter de rassembler en un opus l’énergie "air du temps" de ces groupes américains, combinée à des tentatives plus progressives. S’ensuivent une série de titres alternant les durées (de 3 à plus de 8 minutes), les ambiances et les tempos variés. Il le fait avec beaucoup de volonté, flirtant parfois avec Evergrey ("Souvenirs") ou les brésiliens de Mindflow dont l’histoire offre une certaine parenté.
L’album s’écoute avec intérêt, et grandit avec les écoutes, mais aucun titre n’a l’accroche de "Disappear Again", sauf peut-être le pêchu "Don’t Follow". Les titres plus longs sont quant à eux en demi-teinte. Outre le très bon "Souvenirs", "New Day Of Living" se traîne un peu, "Fear Alone" intègre avec brio des atmosphères et riffs à la Black Sabbath mais pêche par déficit mélodique, tandis que la plage qui clôt l’album "Desert Suicide", croisement entre Jon Oliva et Evergrey, manque un peu d'émotion.
Furyon a sorti cet album il y a deux ans et c’est clairement un album prometteur. Il est maintenant temps qu’il confirme cet indéniable potentiel par de nouvelles compositions.