Avec leur second album, les Américains de Ill s’inscrivent dans un style qui assure la jonction entre le Rock légèrement bourrin de Therapy, et celui nettement plus mélodieux de King’s X. Ce n’est d’ailleurs peut-être pas un hasard si, comme ces deux groupes, Ill est un trio, et si, comme les Texans, il utilise plusieurs chanteurs. Quoiqu’il en soit, le parallèle, tant avec le côté rugueux du trio irlandais, qu’avec les sonorités propres à King’s X est assez frappant.
Alors certes, on ne retrouve pas chez Ill la facette "punkisante" de Therapy, ni l’importance portée par King’s X aux arrangements des harmonies vocales, mais nous évoluons dans un registre musical très proche. Un Rock dur et de facture assez classique avec quelques influences Stoner qui renvoient à Masters Of Reality ou Queens Of The Stone Age
Et c’est dans ce côté "classique" que le bât blesse un peu. Dans ce style assez convenu ou il est déjà difficile pour les précurseurs du genre de se faire une place au soleil et de recueillir une large adhésion du public, quel peut être l’intérêt d’un tel disque qui ne fait que reprendre des recettes déjà mille fois utilisées ? Ill n’est pourtant pas un mauvais élève, comme le démontre son interprétation très convaincante du lourd "A", ou bien certaines de ses compositions qui s’avèrent assez intéressantes à l’image du mélancolique et lancinant "Christine". Mais nous sommes là un peu trop dans du prévisible. Il manque une petite touche d’originalité qui permettrait au groupe de s’affranchir d’un héritage musical un peu trop présent. En effet, le groupe applique avec conscience et savoir-faire (reconnaissons-le) les recettes du genre, mais en ne parvenant pas toujours à transcender celles-ci pour sortir autre chose qu’une (très) honnête copie de ce que d’autres ont fait avant.
Passé ce constat un peu sévère, il y a lieu de reconnaître une qualité à ce disque : sa diversité. On passe ainsi de titres très lourds à des ambiances bien plus intimistes ("Gold And Opal") sans que l’album ne perde en cohérence, et surtout, sans que l’ennui ne gagne. Cette diversité pousse même le groupe à reprendre le "Pearls" de la Nigéro-britannique Sade, dont Ryan Waters assure les guitares en Live.
Au final, malgré le léger goût d’inachevé qu’il traîne, cet album n’en propose pas moins une musique honnête et efficace qui saura ravir les amateurs d’un Rock très lourd parvenant à ne pas faire l’impasse sur la finesse.