Les Nancéens de Bloody Mary avaient frappé fort avec leur album de 2009, "We Rock, You Suck". Qui plus est, ils avaient confirmé sur scène un potentiel international. Moins de 3 ans plus tard, ils signent leur retour sur le label "Bad Reputation", bien décidé à faire honneur à la leur (de réputation…)!
Le style hard mélodique à poigne, entre Aerosmith et Nickelback, est toujours d’actualité, le premier sentiment se dégageant de l’album étant une plus grande cohérence et maturité. Entre une production volumineuse sans faille et une technique à faire pâlir leurs consorts internationaux, le son est époustouflant. Restent les compos, comme toujours le nerf de cette guerre métallique pour qui veut sortir du lot.
L’album s’ouvre sur "SX In XS". Les turbines grandes ouvertes, Bloody Mary déroule son talent sans prise de risque sur un bon titre d’intro. Avec "Lies", le rythme s’accélère, mais aussi les expérimentations techniques et la vitalité mélodique de la compo, pas loin du Hardcore, avec un refrain hyper puissant calibré pour les stades. Le titre atteint sa cible après quelques écoutes à peine. Sur "Biding Time", Bloody Mary associe son groove teinté de blues avec la modernité de son propos. Bloody Toy, devenu Peter Von Toy entre temps, joue avec sa voix pour nous séduire et le refrain à tiroir nous accapare, un bon solo en finale nous achève, encore un titre fait pour le live! Deux titres mid tempo suivent dont le fabuleux "Live And Learn" avec son intro douce et un refrain saccadé à la Nickelback. C’est juteux, gourmand, calibré pour une bonne radio comme il n’en existe plus.
Une certaine linéarité avait été reprochée à l’album précédent, ce ne sera pas le cas cette fois, Bloody Mary se permettant même d’introduire un titre à la limite du punk, "Fuck Me", qui devrait faire sensation sur scène. La suite de l’album est à l’avenant, avec l’incontournable "White Line" au groove funky sensuel, avec encore un petit côté Nickelback agrémenté de chœurs très prenants. Pour nous achever, Bloody Mary a pondu une des meilleures ballades de l’année, et Dieu sait si l’exercice est périlleux. "Life Pain" multiplie, comme Aerosmith à son meilleur mais sans le copier, les mini-crescendos pour nous mener à l’extase et nous achever par un final glacial inattendu.
Une kyrielle de tubes en puissance, quelques brûlots bien distillés, et un ou deux titres bluesy offrant une respiration mais un cran en dessous du point de vue de la mélodie ("Why Don't You Love Me Anymore"), des paroles potaches dont il faudra un jour s’éloigner, une attirance vers le hard US dont il ne faudra pas abuser au risque de perdre son identité... Bloody Mary après un premier apéritif, nous en ressert un deuxième meilleur et bien plus corsé. C’est tellement bon qu’on ne va pas se priver pour se resservir sans modération. On le digèrera gentiment les mois qui suivent et alors, qu'on se le dise, on sera prêt pour le plat de résistance !