Alors que "Welcome, You Knight!" sorti en 2009 avait laissé des indices probants prouvant que la formation néerlandaise possédait tous les atouts pour devenir un grand de la scène rock alternatif, ce dernier opus dénommé sobrement "Semistereo" est l’occasion rêvée de confronter prédiction et réalité. Un exercice toujours aussi délicat tant le quatuor, devenu aujourd’hui quintet grâce à l’arrivée d’un claviériste, s’efforce encore de piocher son inspiration aux quatre coins du rock. Eux-même situent d’ailleurs leur dernier effort au croisement du rock alternatif, du post-rock, du rock progressif avec une touche de métal. Tout un programme…
Enfant sage d’une famille dont la généalogie fait remonter jusqu’aux trublions Oceansize, Coheed And Cambria ou encore Karnivool, il n’en est pas pour autant le parent pauvre, car s’il ne possède peut-être pas la même aura que ses aînés, ce nouvel objet démontre un savoir-faire bien réel fait de modernisme et de cette même belle énergie.
D'autant que Semistereo semble se complaire à tenter des choses plutôt audacieuses car en engageant les hostilités avec ce morceau de choix qu’est "Propane Driven Anxiety", on peut déjà prendre toute la mesure de la hardiesse de l’entreprise engagée. Les dix chapitres forment ainsi de longs méli-mélos où le duo de guitares fait la pluie et le beau temps, entre moments doucereux plutôt post-rock et grondements électriques lorgnant effectivement avec le metal.
Évidemment avec Semistereo, rien n’est ni noir, ni blanc car l’enchevêtrement des guitares exalte aussi les saveurs complexes d’Oceansize agrémentées d’une batterie tout aussi fringante. Parfois même, il en est tel qu’il devient ardu de comprendre où les bonhommes veulent en venir, et même le chant de Martijn Weyburg (hormis sur l’instrumentale "Panic Plaza") n’est souvent pas des plus faciles à suivre… Mais ces faits saillants n’en éclipsent par pourtant autant les envolées gonflées à l’émotion pendant lesquelles leur inspiration dévoile leur visage le plus mélodieux.
C’est aussi grâce à cette double casquette permettant d’allier à l’intrication des plans de guitares un certain émoi provoqué par des moments plus poignants que le combo réussit son retour. Ce "Semistereo" demande des écoutes répétées pour en apprécier tous les contours mais au final, le plaisir est bien au rendez-vous.