On aurait tort de ne voir en Faraz Anwar qu'une curiosité exotique. Certes, un guitariste pakistanais, ce n'est pas courant, mais force est de constater que son album "abstract point of view" s'avère excellent.
Dans sa technique notamment, on trouve des qualités similaires à n'importe quel six-cordiste établi.
Mais son talent ne s'arrête pas là.
Ce court cd (45 minutes) déploie des compositions agréables, très fluides, alors qu'elles mélangent hard, jazz rock et metal, avec en toile de fond l'héritage d'Allan Holdsworth. Anwar lui-même le confesse : il veut se considérer comme un disciple du maître anglais.
Pourtant, cette influence qui pourrait gêner n'apparaît pas de façon exagérée.
Le premier morceau, "through the passage of time", d'ailleurs le plus long, a beau la mettre en évidence, il ne s'agit pas de plagiat. Et d'ailleurs, ce guitariste a bien d'autres choses à dire, comme en témoignent ses parties de clavier particulièrement soignées.
Et puis, avouez qu'il faut déjà pouvoir jouer comme Holdsworth, et Faraz n'a aucun problème pour ça !
Sa chance, finalement, c'est que le côté rythmique n'est pas très important. Et c'est aussi ce qui rend sa musique accessible : ici, point de mesures impaires à tire-larigot, mais des tempos tranquilles et linéaires. Les programmations (et oui, comme d'habitude) ne sont donc pas trop pénibles.
Sur les six morceaux, un seul fait tâche, "last summer" : on se croirait au générique d'une série d'action des années 80. Peut-être un ballon d'essai pour se vendre comme illustrateur sonore ?
Heureusement, le reste fait preuve d'une grande finesse, parfois inventive, en particulier sur le meilleur titre, "don't ever let your spirit die", doté d'une très belle mélodie. On comprend vite par les noms de morceaux le mysticisme de Faraz Anwar, et, dans un pays ou l'Islam est omniprésent, c'est assez logique.
Maintenant que des portes s'ouvrent grâce à une telle carte de visite, cet excellent guitariste asiatique devrait pouvoir collaborer avec des musiciens du monde entier.