Fondé sur Bordeaux au début de 2011, The Great Old Ones nous propose "Al Azif", son premier album studio patiemment enregistré au courant de la même année après avoir été écrit en partie avant la fondation du groupe par Benjamin Guerry. La formation a la particularité de compter en son sein trois guitaristes, chose encore assez rare dans le métal mais qui permet au combo de pousser à fond ses envies en terme d'harmonies et d'ambiances. La formation bordelaise pratique un style en vogue dans notre pays, en proposant, sur des racines black-métal, une musique dark à ambiances, trouvant son originalité dans des parties sombres empruntant au post-core.
Ce projet ambitieux musicalement l'est tout autant conceptuellement car, comme le nom du groupe et le titre de l'album le laissent clairement sous-entendre, The Great Old Ones s'est attaqué à l'univers d'Howard Philip Lovecraft qu'on ne présente plus tant le maître du fantastique horrifique est mis à l'honneur depuis des années dans le métal. Malgré ce manque d'originalité, le groupe réussit son coup à merveille et propose un disque fascinant, fait de longues pièces à ambiances, 6 titres pour 50 minutes, qui vous plonge dans l'univers des mythes de Cthulhu tout le long de son écoute.
Car ce qui fait la force de ce disque, c'est bien ce mélange parfait entre black-métal et ambiances glauques et atmosphériques, chaque titre apportant sa pierre à cet édifice. De fait, il semble presque injuste de favoriser un titre par rapport à un autre tant chacun est indispensable, comme finalement dans un roman de Lovecraft, pour bien appréhender l'œuvre dans toute sa cohérence et sa splendeur.
Il y a des titres puissants, comme "Al Azif" ou "Visions Of R'lyeh" où les parties de chants black furieuses, terrifiantes et envoutantes, s'entremêlent avec des passages musicaux plus lents et d'une noirceur infinie. Et il y a des chansons plus calmes, comme "Jonas", mais pas apaisantes pour autant tant le climat y est pesant et la musique planante et dark à la manière d'un Neurosis. Le sommet artistique étant atteint avec "Rue d'Auseil", mélange parfait des genres tant les passages black se mêlent et se fondent parfaitement avec une musique tantôt acoustique, tantôt symphonique, mais toujours mélancolique, enragée et planante. La fin n'est pas en reste avec deux longues pièces dans cette même ambiance horrifique et fantastique, "My Love For The Stars" achevant le disque dans une atmosphère apocalyptique prenante.
Ce premier album est donc une réussite. Le groupe parvient à nous faire plonger dans un univers Lovecraftien pourtant déjà bien balisé. En proposant une musique hybride, il se place au-dessus de la masse et magnifie ses racines black-métal. The Great Old Ones se positionne en tout cas clairement comme un grand espoir au sein d'une scène métallique française foisonnante et au sommet de sa forme.