Il est écrit que rien ne sera jamais simple avec Blaze Bayley, car malgré un disque solide, "Promise And Terror", notre homme n'a pas connu de sérénité, voyant des départs dans son groupe pour finir courant 2011 par annoncer qu'il va continuer avec des line-up différents selon les pays où il jouera. Dans la foulée il a reformé son ancien groupe, Wolfsbane, jetant ainsi un peu plus de confusion sur sa carrière solo.
Malgré tout, et à la surprise générale, il prend le temps d'écrire un 5ème album solo, "The King Of Metal", enregistré et écrit très rapidement avec le guitariste Thomas Zwijen entre deux concerts et travaux avec Wolfsbane. De fait, même le fan le plus endurci peut éprouver des craintes avant d'écouter ce disque dont le titre fait référence, non pas à Blaze, mais à ses fans qu'il considère comme des rois du métal pour le suivre malgré les péripéties. Et logiquement, ce nouvel album n'a pas la profondeur ni la force de composition de ses prédécesseurs. Il manque en tout cas d'une certaine unité et d'homogénéité. Ce n'est certes pas la catastrophe redoutée, Blaze n'est pas encore devenu un nouveau Paul Di'Anno, mais on sent une certaine urgence qui engendre quelques faiblesses jusqu'ici inhabituelles.
Mais notre homme réussit à s'en sortir grâce à de très bons titres, les plus épiques et mélodiques, ceux où il met toutes ses tripes et son âme. Le titre "Dimebag", hommage à l'ancien guitariste de Pantera, est à ce titre une petite pépite mélodique, un parfait mid-tempo dans la grande tradition du genre avec des passages épiques, un chant grave et doux que maîtrise parfaitement Blaze, et d'excellents riffs de guitares. Dans la même optique, "The Rainbow Fade To Black" rend hommage à Ronnie James Dio, et sur ce titre, croisement entre Sabbath et Rainbow, Blaze est très à l'aise et vocalement proche de Dio quand il s'agit d'appuyer le propos tout en puissance. Ensuite, et dans ce registre calme qu'affectionne Blaze, "One More Step" et "Begining" sont de belles petites réussites. On sent que le chanteur s'y livre corps et âme et ce registre en forme de ballade acoustique lui réussit particulièrement.
En matière de heavy plus classique, il y a donc à boire et à manger. "Judge Me" passe bien grâce à ses aspects épiques, tandis que "The King Of Metal" est assez difficile à écouter. Le rythme est saccadé, le chant faible et presque faux. De même, "Fate" est assez générique du style Blaze en solo : courte, rapide et au refrain scandé. Le titre est sympathique mais l'homme a fait bien mieux sur ses premiers disques. Enfin, avec "Fighter", Blaze compose un titre dans l'esprit de "The Clansman" d'Iron Maiden mais sans la même charge émotionnelle. Il y reste de bons passages épiques et vocaux pour un titre qui aurait gagné à être plus travaillé. Il va de même pour "The Black Country" qui, malgré un bon refrain et de bons soli, peine à décoller complètement, donnant un sentiment d'inachevé sur les couplets.
Cet album, fait pour les fans, n'intéressera sans doute que ces derniers. Malgré un talent certain et un savoir-faire dans le métal britannique qui n'est plus à prouver, Blaze Bayley semble devoir rester cantonné à la troisième division du genre, loin des lumières et des médias. Sa manière très bordélique de gérer sa carrière ne le condamne clairement qu'à ce sort. Il faut espérer que notre homme ne sombrera pas comme un Di'Anno, et continuera à éclairer ses fans de temps à autre avec sa musique. C'est tout le mal qu'on lui souhaite désormais.