Trois ans après "Indiscreet", son premier album, la bande des frères Overland récidive dans sa chasse aux places dans les charts en sortant, nous sommes en 1989, "Tought It Out", un nouvel album d'AOR/FM tel qu'il en pleuvait à l'époque comme aujourd'hui les hausses du prix de l'essence. "Indiscreet" fût bien accueilli mais nous avons vu qu'il avait mal vieilli (cf. chronique en ces pages), quid du second essai des grands-bretons ?
Le style n'a en tous cas pas varié d'un chouïa. FM fait du Hard Rock propret, blindé de chœurs à la Def Leppard et balance des refrains faciles en-veux-tu-en-voilà comme d'autres jettent des graines aux poules dans leur basse-cour. Ça peut parfois plaire mais aussi occasionnellement énerver. En effet, aujourd'hui, les groupes qui officient dans le genre, en tous cas ceux qui réussissent, savent pousser leur inspiration mélodieuse pour sortir des sentiers battus. Plus que ça, ils le doivent pour tenter de sortir de la masse. Hier, une approche plus simplette de l'art mélodique ne rebutait pas les foules. Aujourd'hui, le public se voit non seulement offrir un choix plus conséquent en termes de productions mais également détient des moyens plus diversifiés pour se procurer les œuvres. Résultat des courses, l'auditeur devient très difficile et une écoute en 2012 d'un album d'AOR de 1989 doit nécessairement se parer de quelques abstractions temporelles si on ne veut pas délivrer une analyse plus tiède que l'œuvre ne le mérite.
Alors, que ressort-il de "Tought It Out" après l'avoir écouté comme si nous étions à la fin des années 80 ? Un bon disque dans le genre, avec ce qu'il faut de tubes pour envahir les ondes radio et inonder les écrans de TV de clips avec des garçons aux cheveux longs et spandex qui font who-who dans les micros. Citons dans le genre les vraiment réussis "Tought It Out", "Bad Luck" (Desmond Child, l'homme-tubes est dans le coup), "Someday" (où la charmante Robin Beck vient poser sa voix) et "The Dream That Died" (pas loin d'une Pop à la Christophe Cross). Sinon, la ballade rythmée "Can You Hear Me Calling ?" touche au but et "Does It Feel Like Love" emballe gentiment son auditoire en le mettant de bonne humeur.
Au rayon des réussites moins franches, même en prenant le recul suffisant, citons le très américain "Don't Stop" qui reste fade et répétitif, la ballade "Everytime I Think Of You", loin d'être meurtrière pour les cœurs, ""Burning My Heart Down" qui ne décolle pas vraiment et dont les chœurs féminins n'arrangent rien, "Obsession", trop Funk dans son refrain et "Feels So Good" un tantinet insipide.
"Tought It Out" semble avoir moins pris de rides que son prédécesseur et laisse un goût plutôt agréable en bouche après plusieurs écoutes. Pas de quoi toutefois tomber en pamoison. La suite des aventures des frères Overland nous dira si la perle mélodieuse est pour plus tard. En attendant, vous pouvez vous caler quelques titres intéressants entre les oreilles en parcourant cet opus.