Ceux qui espéraient trouver en Intersections le successeur de Wanderer On The Edge Of Time, neuvième opus sorti en 2010, en seront pour leur frais puisqu'il ne s'agit en réalité que du ré-enregistrement de titres extraits du répertoire plus que fourni de Mekong Delta, entre 1987, date de son premier rôt discographique jusqu'à Visions Fugitives sept ans plus tard, Pictures At An Exihibition, ultime album avant la mise en sommeil de 1997, ayant été volontairement écarté de ce travail révisionniste.
Aux (trop) banales compilations, on ne compte plus les groupes qui, depuis quelques années, leur préfèrent la ré-interprétation de vieux morceaux plus ou moins judicieusement sélectionnés, entreprise commercialement plus que douteuse et artistiquement contestable. En effet, bien que parfois maladroits et pouvant pâtir d'une prise de son maigrelette eu égard au standart en vigueur au moment où l'exercice de dépouissièrage est décidé, il n'en demeure pas moins que ces vestiges restent fortement attachés à la période qui les a vu naître, avec leurs imperfections mais aussi leur charme. Vouloir les transposer vingt ou trente ans plus tard, c'est les vider d'une bonne part de ce qu'ils sont.
On en est donc là avec Intersections dont on ne remettra pas en cause la qualité technique, sans doute bien supérieure à celle des albums Mekong Delta, Dances Of Death ou bien Kaleidoscope dont il revisite certaines pistes ("The Cure", "Transgressor", "Innocent"...) ni une interprétation ad hoc, assurée par le line-up que le bassiste et capitaine au long cours Ralph Hubert a rassemblé peu après Lurking Fear, l'album de la résurrection.
Rien à dire non plus quant aux compositions retenues (quel plaisir de ré-entendre "Heroes Grief" ou "The Healer"), quand bien même chacun aurait vu là un "Black Sababth", ici un "Toccata". Reste que, pour beaucoup de vieux cons, dont votre serviteur, Mekong Delta demeure ce groupe précurseur qui, à la fin des années 80 et durant la première moitié de la décennie suivante, s'est aventuré sur des terres vierges, faisant exploser les frontières, ce qu'il n'est plus aujourd'hui.
De fait, s'ils ont immanquablement vieilli, ces premiers essais souvent révolutionnaires dans leur mariage entre Thrash, musique classique et progressif (on appelait cela le techno Thrash !), possèdent encore une patine en même temps qu'un feeling indissociables de cette époque où tout restait encore à faire en matière de Heavy Metal. Intersections aura au moins le mérite de faire découvrir à jeune public qui viendrait seulement de le découvrir, le passé d'un Mekong Delta dont on peut néanmoins se demander s'il a su toucher depuis 2007 un autre auditoire que les nostalgiques de son âge d'or. Rien n'est moins sûr...