Alors qu'ils ont été de retour aux affaires avec leurs groupes respectifs quasiment au même moment, entre 2007 et 2008, Martin van Drunen et Patrick Mameli n'ont, depuis, pas connu le même succès. Au semi-échec artistique de l'un avec Pestilence (dans lequel, rappelons-le, van Drunen s'est imposé à la fin des années 80 grâce au légendaire Consuming Impulse), répond l'activité frénétique de l'autre, que ce soit avec Hail Of Bullets et plus encore avec le cultissime Asphyx. En en peine quatre ans, celui-ci a trouvé le temps de multiplier les pains, entre album studio (Death... The Brutal Way), live (Live Death Doom) et split (avec Hooded Menace puis Thanatos).
L'inspiration en constante érection, les Hollandais ne faiblissent pas avec Deathhammer, seconde enclume depuis leur résurrection. Autour du hurleur en chef, le bunker reste inchangé ou presque: seul Wannes Gubbels a été remplacé par Alwin Zuur tandis que Dan Swanö s'est encore chargé du mixage et du mastering. Si l'opus précédent avait surtout pour mission de sceller le retour du groupe, son successeur fait quant lui plus que restaurer le lustre morbide de celui qui fut l'un des pionniers du Death/Doom lourd comme un Panzer, puissant comme un Spitfire.
Les hostilités débutent très fort avec la double salve "Into The Timewastes" que perfore un break saignant ultra Heavy à vous arracher la tapisserie des murs, prétexte, on l'imagine déjà, à un headbanging sévère en live, et "Deathhammer. Très en forme, Van Drunen gueule comme si demain ne devait pas exister, crachant de sa voix si particulière et aisément identifiable sans laquelle Asphyx n'est tout simplement pas ce qu'il est, un fiel funeste qui poisse l'ensemble d'une épaisse couche de cendre.
Sans surprise peut-être, l'album alterne cartouches courtes et rapides mais néanmoins sévèrement burnées ("Reign Of The Brute", "Of Days When Blades Turned Blunt"... ), et infernales descentes à la mine dont les parois vibrent au son d'une rythmique tellurique. "Minefield", le rampant "We Doom You To Death", presque un hymne instantané tellement jouissif qu'on pardonnera à ses géniteurs de nous le resservir quelques mois après le split avec Hooded Menace, "Der Landser", au final suffocant, et le terminal "As The Magma Mammoth Rises", symbolisent idéalement cette seconde facette des Hollandais violents et cet art de la chape de plomb, du riff implacable raclant le marbre d'un caveau sinistre et dont nombreux sont ceux à tenter de les égaler sans jamais même parvenir à les imiter.
Avec l'autre vétéran du genre, Bolt Thrower, Asphyx reste incontestablement le maître d'un Death-Metal aussi lourd que mortifère. On peut affirmer, sans trop se tromper ni exagérer, qu'avec Deathhammer, le groupe a enfanté ni plus ni moins que l'album parfait, old school et Roots de chez Roots sans être désuet, puissant sans être surproduit, et emporté par quelques unes des cartouches les plus mémorables qu'il ait jamais composés. Déjà un mètre-étalon du genre !