Bien sûr, nous vous épargnerons la présentation de ce vétéran du Thrash Américain dont l'origine new-yorkaise l'a toujours fait sonner différemment de ses collègues installés sur la Bay Area. Deux chiffres toutefois : Overkill, c'est 32 ans (!) de carrière et 16 albums studios sans compter des palettes entières de EP, live et autres compilations. Du lourd donc, et si la bande toujours emmenée par l'indéboulonnable duo Bobby "Blitz" Ellsworth (chant)/D.D. Verni (basse), a connu des hauts (les années 80) et des bas (la suite) durant ces trois décennies inégales, elle mérite plus que n'importe quel autre combo, un éternel respect, pour sa foi dans le Thrash qui n'a jamais faibli, refusant de rendre sa musique au départ des plus sauvages, plus commerciale, quand bien même l'excellent The Years Of Decay (1989) témoignait de velléités évolutives incontestables. Contre vents et marées, Overkill est toujours là, solide repère à une époque où le nombre de groupes ne cesse de se multiplier.
Mieux, après une poignée d'albums peu mémorables et donc déjà oubliés (Killbox 13, ReliXIV...), il donne même l'impression, depuis une signature avec le mastodonte Nuclear Blast mettant fin à une longue période d'errance contractuelle, d'avoir plongé dans un bain de jouvence. Résultat, un Ironbound dopé à l'EPO qu'on attendait plus vraiment, et dont The Electric Age est le direct successeur.
Plus en forme que jamais et pouvant désormais s'appuyer sur un line-up stabilisé depuis sept ans, le groupe met en branle le rouleau-compresseur et ce, dès "Come And Get It" aux allures de déclaration, de manifeste, manière de dire "regardez, nous sommes toujours là et n'avons de leçon à recevoir de personne". Après une intro riche de promesses, à aucun moment la tension ne retombe tout du long de ses 6 minutes et 18 secondes du feu de dieu, marquées du sceau indélébile de cette formation reconnaissable entre mille, notamment grâce à la voix restée intacte de Bobby, puissante et hargneuse, à ce raz de marée rythmique et à une écriture qui n'a pas bougé d'un iota (ou presque) , ce dont on ne se plaindra pas...
Sans être toujours du même tonneau qualitatif, le reste est l'avenant, entre le speed et très heavy-metal dans son attaque, "All Over But The Shooting", et le lourd "Black Daze", entre le terrassant "Drop The Hammer Down" reposant sur un substrat de riffs nerveux et zébré par des soli mélodiques surprenants, et la fausse ballade "Good Night", en réalité un des titres les plus violents du lot. 50 minutes durant, Overkill nous assène une véritable leçon d'un Thrash extrêmement personnel et qui a su vieillir comme le bon vin, s'adapter et trouver le juste équilibre entre modernité et respect des traditions.
Pas de surprise peut-être, mais un disque qui possède le métier et l'assurance de vieux briscards, capables de renvoyer la jeune génération mariner dans leurs couches culottes ! Fort de ce retour en grâce, incarné par IronBound puis poursuivie par The Electric Age, parions que les Américains ne sont pas prêts de prendre leur retraite.