Un an après un "Takin' It To The Streets" bluesy qui, de ce fait, avait désarçonné les fans, FM remet le couvert en 1992 avec un "Aphrodisiac" attendu anxieusement. Les britanniques vont-ils refaire le coup de l'album précédant au risque de ne plus être classés dans la case FM/AOR, ou bien vont-ils aiguiller leur convoi sur les rails des origines, ceux qui les avaient guidé vers des contrées fleurant bon un certain succès ?
Pour commencer, une similitude, FM perd à nouveau un de ses membres: Didge Digital, l'homme aux claviers quitte le navire. Moins employé dans l'opus précédant que lors des débuts du combo, ce départ nous fait craindre une non-envie de retour aux sources. Hé bien c'est raté ! FM ne nous la rejoue pas bluesy et, si le musicien qui semblait par son look sortir plus de Devo que d'un groupe de Hard-Rock a, a priori, fait ses valises, c'est qu'il aurait été sous-employé à nouveau, mais pas pour les mêmes raisons. Tout simplement car ses petits camarades ont, cette fois-ci, décidé de plutôt durci le ton. Ainsi, FM juge, en cette année 1992, qu'il peut proposer du Hard Mélodique accrocheur sans une surenchère de claviers catchy. Une question survient alors d'emblée: la disparition des anciennes sonorités un peu guimauves, mais malgré tout porteuses, va-t-elle entraver les qualités mélodiques du combo ? La réponse est non car cette fois-ci, FM a su ne mettre que ses bons œufs dans le même panier. En synthèse, les britanniques ont la pêche tout en donnant à leurs titres une peau du même fruit. Puissance et douceur mélodique, gouleyant menu.
En entrée, "Breathe The Fire", comme son nom l'indique, souffle le chaud (toutes proportions gardées car ça reste du FM) en nous proposant de belles mélodies et des salves de saxophone assez tonitruantes, puis viennent "Blood And Gazoline", mid-tempo bien envoyé, où Overland avec sa voix chaleureuse et Barnett avec son touché calibré magnifient le propos, et un excellent "All Or Nothing" puissant, électrique, mélodieux et moderne qui pourrait être le meilleur morceau composé par FM depuis ses débuts.
En plat de résistance, "Closer To Heaven" cajole sans flirter avec le mièvre. Porté par de très bonnes interventions de six cordes, ce titre a eu, c'est à noter tant il est rare qu'il en soit ainsi, les honneurs des radios françaises à l'époque. "Play Dirty", que n'aurait pas renié Def Leppard période "Hysteria",fait durer le plaisir, alors que "Run No More" (et son harmonica) fleure bon Dare.
Question dessert, vous vous laisserez tenter par le galvanisant "Ain't Too Proud" haché par des coups de saxo perforants et le bluesy, ils n'ont pas pu résister, "Hard Day In Hell" qui, avec ses touches de piano et de saxo, sans compter le somptueux solo final, nous convainc cette fois, d'adouber le style musical tant il contient de richesses.
De la belle ouvrage donc que ce quatrième album de FM qui, s'il n'était pas sorti en pleine vague Grunge, aurait certainement cartonné au pays des Hard Rockers adeptes des sons léchés, des mélodies porteuses et des guitares harmonieusement triturées. Vraiment, cette fois, une belle réussite !