A part ! Oui, Arbor Ira se singularise très nettement au sein de l'écurie Naturmacht qu'il a rejoint après sa première enclume, le remarqué Und Krankt Mein Selbst Vor Leidenschaft. Par le genre auquel il est arrimé déjà, le Doom-Death, chapelle que la micro entreprise teutonne n'affectionne qu'avec parcimonie (seul As Autumn Calls y prêche également), ce qu'on ne peut que regretter au vu de tous les traine-savates ayant trop abuser du Burzum carcéral, mauvais clones de Vinterriket et de Paysage d'Hiver également, qu'il accueille avec largesse. Par sa qualité enfin, les Allemands surnageant aisément au-dessus de cette océan au mieux honorable (Desecrated, Astoroth, Blaze Of Sorrow...) au pire d'une chiantise absolue (From The Sunset, Forest & Grief, Grim Skoll...).
Vous l'aurez donc compris, Arbor Ira creuse dans la terre germanique un tertre impressionnant en l'honneur de la déesse Doom. Moins classique dans son expression de ce noble matériau que Mirror Of Deception, entité injustement culte bien que sympathique, moins funéraire qu'Ahab, le groupe possède cette dureté, cette âpreté propres au Metal d'outre-Rhin et que le travail rugueux et épais du maître Markus Stock (Empyrium, faut-il toujours le rappeler ?), responsable du mixage et du mastering, accentue encore davantage. Ecrasant et lourd comme un Panzer (la rythmique de "Platz der Sorgen" en témoigne notamment), le son arrache tout sur son passage tel Attila derrière lequel l'herbe ne repousse pas.
C'est une chape de plomb qui s'abat, symbole d'une faute que l'on ne peut pardonner, cependant que le choix de recourir à la langue nationale (évoquant par moment le spectre du grand Bethlehem) vient renforcer la gravité solennelle d'une musique austère pour ne pas dire autarcique. S'il empreinte la même crevasse forée par son aîné, Meine Träume, Vergangene... s'en distingue par son aspect moins monotone, plus organique. Et malgré une durée générale assez massive (parfois plus de 13 minutes au garrot) leur conférant des allures de bunker plus que de cathédrale, ces golgothas savent maintenir l'intérêt. Là des lignes de guitares entêtantes tissant une toile de désespoir (la dernière partie de "Ein Gar Teuflisch Gift Verzehrt Seel"), ici les romantiques mélopées d'un violon squelettique ("Unlebendig") accrochent le pèlerin, tout comme les traits franchement heavy et mélodique enrobant "Everyday", que fracturent divers pans jusqu'à une conclusion qui meurt peu à peu pour s'enfoncer dans les limbes.
Du haut de 65 minutes, dont la moitié est répartie entre les trois dernières pistes (sur sept), Meine Träum, Vergangene... se mérite. Mais celui qui saura le pénétrer y décèlera un trésor sombre et humide...