Gardant un rythme soutenu, Motörhead propose son 14ème disque studio avec "Snake Bite Love" dès le début de l'année 1998, soit à peine un peu plus d'un an après "Overnight Sensation". Ce dernier avait confirmé la grande forme du trio anglais et montrait un groupe au top de sa forme artistique qui a enchainé pas mal de bons disques.
De fait, cette nouvelle offrande est attendue avec une certaine sérénité par les fans et amateurs tant rien ne semble devoir entraver la marche en avant du groupe. Et pourtant, "Snake Bite Love" va s'avérer être un peu plus faible et stopper la progression sans faille jusqu'ici constatée. Car l'album a bien du mal à succéder à son très fin et soigné prédécesseur. Le groupe retrouve un son plus classique et brut de décoffrage et applique sa recette habituelle avec une certaine facilité sans chercher à se surpasser. Au programme de ce qui reste un solide album de Hard-Rock, on ne retrouve pas de très grands titres ou de tube en puissance, juste des titres agréables à écouter, typique d'une marque de fabrique. Mais il y a aussi des titres rapidement oubliés tant il manque le petit truc qui les distingue de la masse des titres déjà écrits par le groupe.
Ainsi on retiendra surtout l'excellent titre d'entrée, "Love For Sale", qui sans être un tube imparable se distingue nettement du reste de l'album. Ce morceaux possède un refrain facile à assimiler, une mélodie accrocheuse très rock'n'roll, de très bon soli, le tout étant très immédiat et lançant très bien le disque. Ensuite se distinguent encore "Snake Bite Love", dans une veine rock à l'ancienne très entrainante, avec un Lemmy qui chante plus dans les graves sur les couplets, et la ballade désormais classique, "Dead And Gone", très funèbre et sombre, et magnifiée par Lemmy qui y met encore une fois toute son âme. Puis il y a aussi le classique rock'n'roll, "Don't Lie To Me", que Motörhead aime à proposer régulièrement, même si cette fois la recette semble un peu éventée.
La suite, sans être catastrophique, est trop classique. Ainsi, "Dogs Of War", "Assassin", "Take The Blame", en passant par "Night Side" et "Joy Of Labour", défilent tranquillement dans le style coutumier du groupe, faisant clairement objet de remplissage, le groupe y dormant un peu sur ses lauriers. La méthode est toujours la même avec un rythme rapide, une batterie mitraillette et un Lemmy qui y braille comme à son habitude, alors qu'il manque le petit refrain qui fait mouche ou le riff qui fait mal.
Sans être complètement raté, "Snake Bite Love" s'avère être un disque générique pour Motörhead, juste un de plus au programme et après des albums de grande classe c'est une petite déception de voir le groupe céder à la facilité. Les fans y trouveront bien sur leur compte, les autres pourront en faire l'économie. Motörhead a fait bien mieux, ce disque rejoignant les quelques albums banals que le groupe a enregistré durant sa longue carrière.