Alors qu'il mena une carrière régulière et bien remplie d'une petite dizaine d'albums depuis 1984 et Night On Bröcken, Fates Warning est depuis le justement nommé X en 2004, entré dans une phase de sommeil dont on serait bien en peine de prétendre qu'elle touchera bientôt à sa fin.
Si ce silence est regrettable, il permet à la majorité des membres de ce fondateur du Metal progressif d'aller butiner ailleurs. Car loin de paresser, ceux-ci multiplient les expériences que ce soit le chanteur Ray Alder avec Redemption ou le bassiste et mercenaire Joey Vera dont le nom reste également associté à Armored Saint et à la famille Anthrax. Mais le plus prolifique se révèle être le guitariste Jim Matheos qui non content de partager avec l'ex Dream Theater Kevin Moore, les commandes de OSI (dont la nouvelle et quatrième exploration, baptisée Fire Mate Thunder vient de sortir), trouve le temps de s'acoquiner de nouveau avec John Arch, chanteur historique de Fates Warning le temps des trois premiers albums. On se souvient que tous les deux s'étaient déjà retrouvés pour l'enregistrement du galop d'essai en solo de John, A Twist Of Fate en 2003 sur lequel Vera était également venu poser ses accrocheuses lignes de basse.
Or, exception faite de Mike Portnoy (que l'on ne vous fera bien entendu pas l'affront de présenter), cette fois-ci remplacé par le tout aussi cultissime Bobby Jarzombeck au CV aussi long qu'un jour sans pain et lui aussi actuel Fates Warning, c'est donc peu ou prou la même équipe, à laquelle on peut rajouter le guitariste Frank Aresti, qui a accouché de Sympathetic Resonance, carte de visite de ce projet tout simplement appelé Arch / Matheos.
Au programme, six pulsations souvent massives se divisant en deux catégories : d'un côté de longues pièces qui dépassent toutes les dix minutes au compteur, de l'autre, des titres plus ramassés, moins réussis peut-être. Si la patte de Jim Matheos est reconnaissable entre mille, notamment ces riffs puissants qui écrasent tout sur leur passage, celle de Arch est, malheureusement, elle aussi identifiable. Sans être un mauvais vocaliste, bien au contraire, le bonhomme possède une voix aiguë pas toujours des plus agréables. Si les mauvaises langues prêtent à Kevin Moore la principale faiblesse d'OSI, il en sera certainement de même pour John vis à vis de ce nouveau groupe. Comme dans le cas du projet sus-cité, c'est un peu exagéré, son timbre, il est vrai, si singulier se coulant au final plutôt bien dans la carapace élaborée par le talenteux guitariste.
Pour faire dans le raccourci simpl(ist)e, imaginez les débuts de Fates Warning dôtés de la puissance de feu actuel et vous aurez une petit idée de la teneur de Sympathetic Resonance que propulse la rythmique monstrueuse du trinôme Matheos/Vera/Jarzombeck. Davantage que "Midnight Serenade" et la ballade "Incense And Myrrh", solides morceaux au demeurant, ce sont bien les plus titanesques compositions qui impressionnent. Opener imposant, "Neurotically Wired" se veut la parfaite synthèse d'un opus foisonnant qui évite le piège de la démonstration stérile, moins celui d'une froideur clinique propre aux travaux du six-cordistes : progression furieuse, cassures rythmiques du feu de dieu, motifs époustouflants bien que non dénués d'une certaine émotion, parties instrumentales écoeurantes de virtuosité...
On tient là très certainement un des meilleurs album estampillés Metal progressif de l'année 2011. Ni plus ni moins...