Quand une machine, un concept, ou une idée fonctionne, il n'y a guère de raisons de le modifier ou de le laisser trop longtemps sans servir. Et finalement, c'est un peu ce qu'est devenu Korpiklaani avec ses sorties rapides: un simple concept plus qu'un groupe. Car ce 4ème album, "Tervaskanto", arrive comme le Beaujolais nouveau, un an après "Tales Along This Road" avec une pochette quasi-identique, seules les couleurs étant modifiées, et une musique qui ne s'embarrasse pas d'originalité. Le folk-métal fonctionne et bien. Vous allez être servis car les Finlandais sont capables de pondre 10 nouveaux titres très rapidement et sans trop se soucier du contenu ou même de savoir si leur musique a encore une âme ou s'ils ont encore de la créativité. Le style est à la mode, les fans aiment, ça se vent bien et l'essentiel est bien là.
Le constat est assez impitoyable mais réaliste ! Korpiklaani ne se fatigue pas et il n'y a pas grand-chose à sauver au programme de cet album générique. Tout les titres semblent fondus dans le même moule et, sauf à être encore novice du genre ou très indulgent, il est difficile de retenir quoi que ce soit une fois l'écoute passée. Car le mixe entre rythme rapide, airs vaguement folks, et instruments classiques, alibis et cache misère, lasse très rapidement.
Et pour accentuer la comparaison avec le Beaujolais, le groupe nous ressort d'entrée un titre à boire, "Let's Drink", faisant office de single et qui est d'un vide abyssal, n'ayant que la fonction d'inviter à la fête et à l'orgie. Et il faudra bien une orgie et de l'alcool pour oublier la suite, car de "Viima" à "Tervaskanto", en passant par "Veriset Aparat", "Nordic Feast", "Liekkion Isku", "Karhunkaatoaulu" et "Misty Fields", il n'y a pas grand-chose à sauver. Le groupe se répète sans lassitude apparente et devient plus qu'agaçant. Le disque, même en ne durant que 42 minutes, est long et pénible à finir.
Que reste-t-il à sauver de ce naufrage? Même en étant indulgent il ne reste pas grand-chose, seul "Vesilahden Veräjillä " change un peu, le rythme est enfin plus lent et retrouve l'esprit des débuts, le chant est posé et agréable. Et même si dans ce style folk classique, le groupe a fait mieux, cela fait plaisir d'entendre un titre un peu construit. Enfin des petits instants calmes et purement folk de "Running With Wolves" et "Palovana" sauvent les apparences, même si ces chansons semblent bâclées quand le rythme speed reprend le dessus sans originalité.
Si on ne doute pas qu'en live Korpiklaani reste une machine festive, joyeuse et pleine de bonne humeur, le piège parfait à fans, en studio c'est une autre histoire. Le groupe finlandais a réussi à devenir en à peine 2 ans une véritable parodie de lui-même et du folk-métal en général. Et s'il continue dans cette médiocrité et cette facilité, il prend le risque de sombrer. En attendant, ce "Tervaskanto" est son disque le plus faible et même les fans les plus indulgents auront du mal à le défendre.