C'est à peine 9 mois après "Tervaskanto" que sort "Korven Kuningas", 5ème album des Finlandais de Korpiklaani, confirmant le rythme effréné que le groupe a choisi de suivre. Pour cet album, le groupe change de label et rejoint Nuclear Blast, signe que la mode folk-métal prend encore de l'ampleur. Les groupes pullulent et des festivals consacrés au genre font le tour de l'Europe avec succès. De fait Korpiklaani ne relâche pas la pression et nous fait envisager le pire tant ses derniers albums oscillaient entre médiocrité, facilité et absence d'idées fortes.
"Tervaskanto" était même particulièrement mauvais et de fait, les craintes sont assez fortes avant l'écoute de cet album à la pochette comme photocopiée sur le précèdent, la seul différence venant du Shaman qui a changé de position. Musicalement aussi la recette ne change logiquement pas: on retrouve le folk-métal rapide du groupe. En très peu de temps, Korpiklaani a réussi de pondre pas moins de 16 titres pour une heure de musique mais, et finalement c'est une surprise, l'ensemble est moins mauvais que ce que l'on craignait en comparaison de son prédécesseur. "Korven Kuningas" parait plus travaillé, faisant passer "Tervaksanto" comme un simple disque de fin de contrat rapidement expédié. Ce qui change des habitudes est la présence plus évidente de titres plus lents, retrouvant les racines folk, comme si au milieu de la routine Korpiklaani avait eu envie de composer de vraies chansons comme à ses débuts.
Malgré tout, on ne retrouve pas complètement l'esprit des deux premiers albums. Les titres rapides sont encore légions et la recette ne varie pas, rythme et chant rapide, air entrainant, instruments classiques légèrement présents ayant du mal à rivaliser avec les guitares et la batterie. Et de fait, on frise l'overdose complète, les titres ayant tous cette fâcheuse tendance à se ressembler. Mais si on survit à toute cette cohorte de titres inutiles avec, en vrac, "Tapporauta", "Keep On Galloping", "Paljon On Koskessa Kivia", "Runamoine", "Nuolet Nomalan" ou encore "Ali Jaisten Vetten" et "Kantasio", on a mérité le droit de savourer des choses plus intéressantes qui sauvent le disque du naufrage complet.
La ballade acoustique "God Of Fire" est magnifique, calme, et dans cet esprit folk trop souvent perdu, retrouvant un peu de cette âme des débuts. Ensuite, "Northern Fall" a le mérite de baisser le tempo et s'avère être un bon titre festif et entrainant, avec un refrain un peu fou et de grande qualité. "Suden Joiku" est aussi intéressante, même si un peu gâchée par un rythme trop rapide. Elle possède néanmoins des lignes de chant plus douces sur les couplets et une très belle introduction acoustique. Enfin, le titre éponyme clôture le disque de belle manière. Violons, flutes et claviers arrivent à se faire une belle place et forment le centre d'un titre folklorique comme on aimerait en entendre plus souvent, le passage à l'accordéon étant même particulièrement réussi.
Ce n'est pas encore le renouveau de Korpiklaani car "Korven Kuningas" navigue encore trop dans une certaine facilité sur de très nombreux titres, mais ici et là, on sent que le groupe peut se faire violence et finalement, c'est bien là le plus frustrant. Car s'il prenait le temps de l'écriture en apportant un soin à ses chansons, il pourrait retrouver la classe de ses débuts. Et finalement, ce gout pour la facilité est quasi-impardonnable tant il prouve que le groupe prend son public pour des pigeons dociles. On espère un sursaut mais la voie prise est tellement rentable que l'on n'y croit guère.