Avec le recul et nonobstant la qualité des albums auxquels il a collaboré même de loin (Eulogy IV, Worldfall...), on se demande quand même ce que Chris Black est venu faire chez Nachtmystium - figure légendaire (une des seules ceci dit) du Black Metal américain - car c'est très clairement le pur Heavy old school qui coule dans ses veines. Quelque soit le projet (Pharaoh, High Spirits...), quelque soit l'instrument qu'il a entre les mains (basse, guitare, batterie), le bonhomme démontre qu'il ne s'est jamais vraiment remis ni des premiers Maiden (plutôt période Di Anno donc) ni ceux de Motörhead.
Alors que Dawnbringer est reparti sur de bonnes bases après un début de carrière incertain, se payant même le luxe délivrer une des meilleures cartouches de l'année 2010 avec Nucleus, dont le successeur baptisé Into The Lair Of The Sun God est imminent, Black trouve aussi le temps de maintenir de manière régulière l'activité de Superchrist, groupe où il tient la basse et assure - comment souvent - le chant. Holy Shit (!) porte incontestablement sa patte, sa signature. De plus en plus proche de Dawnbringer (à moins que cela soit l'inverse), à l'image de "Black Thunder" aux riffs maidenniens et du speed et jubilatoire "Run To The Night" qui s'achève avec la présence d'un clavier qu'on n'attendait pas là, le trio y honore donc un Heavy Metal à l'ancienne.
Les titres se révèlent tous très courts (moins de quatre minutes), aboutissant à un album qui n'atteint même pas la demie heure, (trop) faible durée qui ne grève au final pas trop le plaisir immédiat qui jaillit de son écoute. S'ils ne se prennent pas au sérieux, frolant parfois la parodie ("Beer Metal"), les gars ne demeurent pas moins des musiciens aguerris, mariant une joyeuse décontraction à une efficacité jouissive. Mélodies accrocheusess qui vous rentrent dans le crâne pour y faire durablement leur trou ("Take Me To The Graveyard"), soli beaux à en pleurer ("Sewer Snake") ou nerveux ("Get Lost"), chant à la Lemmy en moins rugueux caractérisent cette "merde sacrée" laquelle, en dépit de son manque d'ambition, est une petite tuerie taillée pour la scène devant laquelle un headbanging communicatif ne pourra être que déclenché par ces hymnes instantanés, simples, directs et sans prétention.
Bref, nous ne saurions que trop vous conseiller de découvrir ce groupe à la renomée inversement proportionnelle à son talent et dont Holy Shit est déjà sa sixième galette ! Vous ne devriez pas être déçus...