Suivant un rythme régulier, Paradise Lost propose la suite de ses aventures un an après "Shades Of God". Petit à petit, le groupe s'est forgé une belle réputation dans l'univers underground metal et même au-delà, en faisant parler de lui auprès d'un public plus large. "Icon" est publié à l'automne 1993 et va achever la transformation du groupe. Sur le disque précédent, on sentait déjà une évolution vers une musique plus accessible. Holmes avait commencé à moduler sa voix et les aspects death s'effaçaient petit à petit au profit d'un style plus heavy, même si la facette doom était encore très marquée. "Icon" est à considérer comme la mutation du papillon Paradise Lost. Holmes et Mackintosh laissent de côté le death-métal au profit d'un heavy gothique de grande classe avec un Nick Holmes qui désormais chante au lieu de growler. Son timbre sombre et grave, pas loin d'un James Hetfield, apporte au disque un supplément d'âme assez fort.
Les titres d'"Icon" sont tous courts et accrocheurs avec une mélodie catchy tout en conservant des aspects sombres et oppressants. Paradise Lost s'y fait lyrique, puissant, gothique, heavy. Les grands titres sont légions avec notamment "Embers Fire" qui ouvre ainsi l'album de manière majestueuse avec son introduction symphonique de grande classe et son parfait mélange de chant profond et de riffs somptueux ainsi que "Remembrance", petit bijou de métal gothique ou encore "True Belief", tube parfait, accessible et heavy et porté par un refrain énorme tout en nuances. Enfin, Paradise Lost nous achève avec un duo final beau à en pleurer. "Christendom" et l'instrumental final "Deus Miseratu" confèrent au disque ce supplément d'âme qui fait toute sa beauté. La première est un monument de métal doom gothique, soutenu par des voix féminines sombres et délicates, tandis que le final est planant et majestueux. Le mélange entre le piano et un riff de guitare assez épais prend à merveille et conclut un disque hors normes.
Profond, sensible et parfaitement équilibré mélangeant titres plus accessibles et titres sombres, "Icon" est le joyau de Paradise Lost qui atteint déjà son apogée alors qu'il a à peine cinq ans d'existence. Avec un tel album, le groupe change de galaxie en s'ouvrant à un large public tout en conservant intact son intégrité artistique.