Du line-up de “Mental Hygiene” ne subsiste que Greg Johns, guitariste et fondateur de Slychosis. Avec “Fractured Eye”, ce groupe américain nous propose un CD un peu hybride, puisque 3 titres sont des reprises déjà exécutées sur “Slychosis”, paru 6 ans auparavant. L’auditeur n’a donc qu’un peu plus de 27 minutes de réelle nouveauté dans les mains sur ce dernier effort.
Le style de Slychosis apparaît très mouvant d’une production à l’autre : après une période plutôt psychédélique (“Slychedelia”), le groupe avait tenté une approche plus métalloïde qui n’avait guère convaincu (“Mental Hygiene”). Débarrassé des guitares envahissantes, “Fractured Eye” apparaît alors plus consensuel, mais perd une bonne partie de l’originalité qui avait attiré l’attention dans son premier opus. Le style reste ici solidement ancré dans les années 80, avec des sonorités de claviers plutôt datées (‘Elegy For Christy’, ‘Mariner’), une batterie fort plate et pour le coup, des guitares qui manquent parfois de mordant (‘The Memory’). Heureusement, le côté mélodique demeure constant, mais les développements sont convenus et la production reste vieillotte, en des temps où les réalisations côtoient souvent l’excellence.
Avec un morceau comme ‘The Sphinxter’, Slychosis montre pourtant qu’il est capable de concevoir des titres attachants, jouant sur de discrètes dissonances, et suffisamment amples pour donner matière à écouter. Mais le manque de profondeur de la réalisation pénalise le résultat. Faute d’accroche nouvelle, il y a fort à craindre que ce “Fractured Eye” n’intéresse que les nostalgiques des eighties, voire des seventies : ils y retrouveront des tonalités proches du Floyd des débuts, ou des soli rappelant le Camel de l’époque “Moonmadness”, ce qui ne nous rajeunit pas (‘Samuel’) : pas de quoi affoler l’auditeur de 2012 ...