C'est dans les vieux pots... On ne saurait trouver meilleur étiquette que cette adage pour qualifier As Autumn Calls qui fait siennes de vieilles recettes néanmoins intemporelles. Remarqués avec un EP séminal (Emotionless) dont la bonne tenue a soulevé en 2009 de vrais espoirs à leur encontre, les deux Canadiens ont par la suite signé avec Naturmacht, label davantage porté sur le Black-Ambient que sur le Doom (exception faite d'Abor Ira) et accouchent deux ans plus tard d'un galop d'essai longue durée qui honore avec une sincérité évidente un cahier des charges qui a fait ses preuves.
La vieille recette évoquée plus haut, c'est donc, vous l'aurez deviné tout seul, le Doom (Death) tel qu'il fut établi par les Grands Anciens de l'école Britannique, la fameuse sainte trinité formée autour de Paradise Lost, My Dying Bride et Anathema, dont seul le premier des trois sait encore agréablement nous satisfaire. Rajoutez à cela une louche du old Katatonia, identifiée par la reprise du "Murder", dont certaines mauvaises langues ne manqueront pas de souligner qu'il s'agit du meilleur moment de l'écoute, et vous obtenez au final un opus sans (mauvaises) surprises, qui possède l'assurance tranquille des objets classiques mais solides.
En effet, ne seraient-ce les nappes de claviers, du reste pas toujours indispensables quand bien même elles demeurent (heureusement) parcimonieuses, citons l'exemple de "Wither Away", que parsèment également quelques voix claires, An Autumn Departure se contente de se frayer un chemin entre les cuisses déjà ouvertes. Des riffs entêtants, véritables vigies perçant le brouillard en même temps que arc-boutants d'une cathédrale de tristesse ("Without You"), aux aplats ultra plombés comme coulés dans une plaque de granite, en passant par ce chant taillé dans la roche froide et ce monolithisme dans l'expression d'une souffrance minérale ("Unerath My Sorrow"), il n'y a rien ici qui ne prête allégeance aux valeurs du Doom-Death des années 90. Il va sans dire qu'on ne s'en plaindra pas.
Entre "Initium" et le titre éponyme, chargés respectivement d'ouvrir et de fermer de manière instrumentale l'édifice, "The Demons Therein", lui aussi imprégné de l'influence tutélaire du groupe d'Anders Nyström, ou les dix minutes de "Closer To Death", nous renvoient directement à toute cette période bénie (on pense aussi à Celestial Season et à toutes ces formations œuvrant alors en seconde division) dont les Canadiens restaurent avec bonheur à la fois ce son rustre, authentique et cette mélancolie pluvieuse et automnale, plus noble que misérable.
Sans révolutionner le genre qu'il façonne avec respect, As Autumn Calls confirme avec ce premier album les promesses effleurées par Emotionless et ce faisant, devrait ravir les nostalgiques ayant vécu ces années où tout restait encore à faire. C'est dans les vieux pots, effectivement...