De façon générale, il y a deux grands types de musiciens : les brutes de technique et les musiciens plus intuitifs, c'est-à-dire ceux qui savent jouer tous les styles et en inventer éventuellement de nouveaux.
Les musiciens faisant partie des deux catégories à la fois étant extrêmement rares, on est souvent obligé de choisir et j'avoue personnellement une nette préférence pour la seconde option.
Mais avec Jack Foster III (en passant, je n'ai pas entendu parler des deux premiers Jack Foster, merci de me faire signe si vous les connaissez), il faut avouer qu'on est servi en matière d'inventivité, d'imagination et tout simplement de maîtrise de l'art musical.
"Evolution Of Jazzraptor" n'est pas un album de rock progressif comme les autres mais plutôt un condensé de ce que sait faire le personnage, soit à peu près tout ce qui existe en musique.
Pourtant, le début de l'album laisse entrevoir un nouveau clin d'oeil au rock progressif des années 70's avec un morceau rappelant Kansas, ou plus exactement le dernier album de Proto-Kaw... mais quelle surprise à la découverte du break totalement jazzy mettant en avant un excellent solo de trombone et de saxophone, comme dans les grandes années qui ont fait la gloire de Saint-Germain-des-Prés !
Et ce n'est qu'un début : tout l'album est une suite de morceaux explorant le plus grand nombre de facettes possibles de la musique.
On passe ainsi du rock progressif à la musique digne des meilleurs westerns, au classique, au jazz parfois extrêmement free, au rock dans sa définition la plus basique, à la simple chanson sur accompagnement de guitare acoustique, aux rythmes latinos et j'en passe.
Jack Foster III est donc un personnage qui sait tout jouer et qui le montre d'une façon extrêmement élégante.
Et pour se faire une place au soleil dans un milieu très compétitif, c'est le moins que l'on puisse dire, quoi de mieux que de bénéficier d'un appui reconnu en la personne de Trent Gardner, leader de Magellan ?
En effet, Trent Gardner assure ici, entre autres choses, les claviers et la production. Et sans vouloir être méchant, il faut bien avouer que ce dernier point est nettement mieux assuré sur ce Jazzraptor que sur certains albums de Magellan ou sur le Raising The Mammoth d'Explorer's Club.
Ici, la production est d'une qualité irréprochable qui ajoute au plaisir de l'écoute déjà bien servi par la simple musicalité des compositions.
"Evolution Of Jazzraptor" sera donc, en ce qui me concerne, l'une des meilleures découvertes de l'année et a toutes les chances de se retrouver dans mon top 5 de l'année 2004.