H.E.A.T. : groupe suédois qui sortit son premier album en 2008, fût nommé au pays des fjords "révélation de l'année", atteignit la finale de la sélection suédoise pour l'Eurovision l'année suivante (avec "1000 miles" qui fût le 5ème morceau le plus joué par un artiste suédois sur les ondes de ce pays), perdit son frontman en 2010 après avoir sorti un second opus, "Freedom Rock", unanimement apprécié. Voilà qui aurait pu s'appeler se tirer une balle dans le pied du micro, tant Kenny Leckremo avait rallié tous les suffrages. Remplacer le vocaliste par Erik Grönwall qui, en décembre 2009, remporta l'émission de télé-crochet suédoise "Swedish Idol" aurait pu revenir à laisser la plaie s'infecter. Imaginez Manigance avec Christophe Willem au chant… Ca fait peur n'est ce pas ? Oui mais voilà, "La Nouvelle Star" n'est pas la "Swedish Idol", et si vous en doutez, allez jeter œil et oreille sur Youtube pour juger les performances du Monsieur sur "Run To The Hills", "18 & Life" ou "The Show Must Go On"... Hé oui, là-bas on ose.
H.E.A.T. sort aujourd'hui "Adress The Nation", et là, le petit monde du Hard FM prend une grosse calotte dans le genre de celle qui l'avait sonné quand Bon Jovi fit son entrée dans la danse, il y a vingt huit ans. Pourquoi un tel emballement ? Car non seulement on tient là un frontman charismatique en diable, un croisement entre Billy Idol et Joe Elliot pour le look avec une voix sacrément aiguisée (son premier single a été classé gold download et son premier album, N°1 dans les charts suédois, a été certifié disque de platine), mais au-delà de cet élément non négligeable, nous avons également affaire à un groupe capable de pondre un opus associant à la maîtrise suédoise d'un Europe ou d'un Treat, la classe britannique d'un Def Leppard. Traduction pour les malentendants : grosses intros, couplets qui font monter la pression, ponts prometteurs, refrains "spécial chant sous la douche" et soli mélodieux et racés. Jetez votre dévolu sur la vidéo ci-dessous, si vous aimez le style (et je ne parle pas des Vénus qui le peuplent, bien plus class que celles utilisées à outrance par les rappeurs soit-dit en passant), vous avez entre les mains votre album de l'année.
Car en effet, comment ne pas craquer sur "Breaking The Silence" où on croise Bon Jovi ("Raise Your Hands") qui guerroie avec Def Leppard, sur "Living On The Run", somptueux mélodiquement parlant de bout en bout, y compris sur l'énorme solo, à l'écoute duquel on pense à Brother Firetribe voire Treat, et sur "Falling Down" avec son départ colossalement annonciateur de bonheurs sonores, ses lignes mélodiques magnifiques et son break à la Whitesnake ("Crying In The Rain").
Comment ne pas avoir envie d'enlacer sa dulcinée sur le fort Foreigner "The One An Only" qui nous rapproche aussi des Léopards Sourds grâce à ses chœurs ("Love Bites") et de se laisser pousser la moumoute en écoutant l'Européen "Better Off Alone" qui nous emmène également du côté de Night Ranger. Comment ne pas jouer du air-saxo sur "In And Out Of Trouble" croisement entre un Toto et un FM qui auraient pondu un titre sur la B.O. de Top Gun, ou entonner sans ambage "Need Her" qui penche du côté de Richard Marx et Bryan Adams. Comment ne pas s'égosiller sur les "Whoo Hoo Hoo" hyper Bon Jovien d' "Heartbraker" et reprendre avec plaisir un p'tit coup de Def Lep période "Hysteria" avec le jumpant "It's All About Tonight". Comment ? C'est juste impossible !
En pré-conclusion, il convient d'ajouter qu'il serait offensant d'oublier que les deux gratteux sont loin de faire de la figuration mais également que dans Hard FM il y a le mot "Hard" et que chez H.E.A.T. ça n'est pas "pour faire genre".
Sachant que la pochette du squeud est aussi naze que la musique est bonne, vu l'œuvre effarante du photographe, il est indéniable que l'opus est d'un niveau fort rare. On vous aura prévenu, H.E.A.T. vient de pondre un brûlot.