Au septième album, les recettes de Rick Miller sont bien connues : avec un sens mélodique évident, le Canadien pose sa chaude voix sur des nappes douillettes de claviers, s’accompagnant d’une guitare Floydienne, sur des tempos restant sagement cantonnés du côté de l’adagio ma non troppo. “Dark Dreams” ne déroge pas à la règle, se calant bien confortablement dans une routine qui ne risque guère d’effaroucher les oreilles sensibles. Rick Miller a d’ailleurs bien prévenu sur son site : “Ceux qui aiment le rock progressif avec plein de jazz-fusion ou de heavy-metal risquent de ne pas y trouver leur compte”.
Dont acte. Confortablement installé, l’auditeur a droit en introduction à un trio voix-violoncelle-piano, un truc qui marche à tous les coups quand la voix est cajoleuse, la production détaillée, et les mélodies, évidentes. Joli, soigné, agréable, sont les qualificatifs qui viennent immédiatement lors de l’écoute de cet opus qui flirte avec l’ambient, impression renforcée par l’ajout de 'cui-cui' d’oiseaux, de 'glouglous' de ruisseaux et de bruits de vagues, dans un esprit qui n’est parfois pas sans évoquer la relaxation prônée par une enseigne où il est question de découvertes naturelles.
Faut-il pour autant s’enthousiasmer dans cette ambiance alanguie ? Malgré la fluidité permanente, le soin apporté dans les arrangements (l’intro de ‘Return To Uqbar’), la douceur de la guitare (jolie relance dans ‘Whispers’), et des harmonies vocales bien placées, le procédé tourne un peu à vide, et l’on s’ennuie parfois (‘Quiet Desperation’, ‘Trancension’), quand on ne relève pas quelques poncifs (le récitatif de ‘Whispers’, frappé par le syndrome de l’Eté Indien).
Faute de quelque contraste pour doper l’ambiance, l’auditeur pourrait facilement se laisser gagner par l’engourdissement. Tout ça est très joli, bien soigné, mais me glisse personnellement dessus comme l’eau sur le plumage du proverbial canard. Dans la droite ligne des albums précédents, “Dark Dreams” paraît tout indiqué en relaxation avant la camomille vespérale.