Après un premier album plutôt bien accueilli par la communauté progressive, Hasse Fröberg, le chanteur et guitariste des célèbres Flower Kings, nous revient avec ses Musical Companion dans un album intitulé "Powerplay".
Diantre ! Le titre de cet opus a de quoi inquiéter quand on sait que le garçon avait déjà légèrement lâché la bride à un rock sensiblement plus musclé sur "Future Past" que ce à quoi il nous avait habitué avec la bande à Roine Stolt. "Powerplay" s'affranchirait-il encore plus des conventions du rock progressif pour se rapprocher d'une musique metalloïde ?
Outre sa durée affichée, le long titre d'introduction 'My River To Cross' rassure immédiatement ceux dont la sensibilité est plus émoustillée par des musiques à tiroirs que par de bons gros riffs. Encore que la musique de HFMC ne manque pas de panache et d'énergie. Mais le titre enchaine les changements de mélodies, les variations de tempos et de nuances dans une belle tradition progressive, avec une touche hard rock apportée par des solos de claviers et de guitares techniques et enlevés, et un chant rappelant les accents de Meat Loaf et Rod Stewart.
Cette introduction dynamique et, disons-le, particulièrement réussie, est le reflet du reste de l'album même si le côté progressif est moins présent par la suite et ne se retrouve véritablement que dans l'autre epic, 'The Final Hour', à l'ambiance très yessienne, l'influence du groupe de Jon Anderson se retrouvant en clin d'œil jusque dans la répétition des paroles finales, 'close to the edge'. A cette exception près, toutes les compositions lorgnent plus vers un AOR bon teint façon Asia ('The World Keeps Turning', 'The Chosen Ones') qui vire parfois au hard rock pur jus ('Venice CA', 'Is It Ever Gonna Happen'), émaillées de très beaux passages héroïques de claviers et de guitares, d'une rythmique soutenue mais pas envahissante et d'un chant qui, s'il sait se faire hargneux au moment opportun, a l'intelligence de ne pas chercher à passer systématiquement en force.
"Powerplay" enchaine des mélodies agréables qui, si elles ne sont pas d'une exceptionnelle originalité, ont le bon goût d'être immédiatement accrocheuses, sans mièvrerie ni agressivité excessives. HFMC joue pour notre plus grand plaisir un rock foisonnant et décomplexé, une musique riche et spontanée propre à satisfaire un grand nombre d'auditeurs.