Entre 1964 et 1970, les Beatles vont apparaître dans cinq films. Deux sont autobiographiques (A Hard Day’s Night et Let It Be), deux sont des fictions (Help ! et Magical Mystery Tour), et le dernier est un film d’animation : Yellow Submarine. En réalité, les quatre garçons n’y font qu’une courte apparition vers la fin, et la majeure partie de la B.O. utilise des chansons précédemment parues, dans les albums “Rubber Soul”, “Revolver”, “Sgt Pepper’s Lonely Hearts Club Band” et “Magical Mystery Tour”. Seuls cinq titres seront composés pour l’occasion, titres qui occupent la face A du vinyle d’origine, la face B comprenant des instrumentaux composés par George Martin, morceaux que les fans du groupe ne trouvent pas à leur place dans la discographie des Beatles, même s’ils ne sont pas mauvais en eux-mêmes. Le morceau ‘Baby, You’re a Rich Man’, pourtant composé pour le film, sortira en face B du single ‘All You Need Is Love’, mais n’apparaît que sur la version américaine de “Magical Mystery Tour”, puis sur “Yellow Submarine Songtrack”, l’album qui reprend l’intégralité des chansons des Beatles jouées dans le film.
Le disque “Yellow Submarine” contient donc très peu de matière musicale nouvelle. Il faut dire que les Fab' Four, échaudés par le relatif échec de leurs précédents films, ne se sont impliqués que très tardivement dans l’écriture du projet, développé au départ comme une évolution de la série animée The Beatles Cartoons, qu’ils détestent. Le scénario relève du conte pour enfants, ce qui explique pour partie la tonalité plutôt simpliste des titres : ‘All Together Now’ et ‘Yellow Submarine’ ne dépassent guère le niveau de la comptine, ce qui n’empêchera pas leurs refrains de rester dans toutes les mémoires. Harrison participe pour deux titres, tous deux de connotation très psychédélique (‘It’s All Too Much’ décrit les effets du LSD !), et pas les plus passionnants de l’album : trop long pour ‘It’s All Too Much’, assez foutraque pour ‘Only A Northern Song’, tous deux étant fortement marqués de "l’esprit Pepper".
Reste le célébrissime ‘All You Need Is Love’ (mais ce titre est précédemment paru sur "Revolver"), étendard de la génération hippie, le premier titre joué en mondovision : la version single est directement issue de cette captation. Un titre finalement assez politique, créé en pleine guerre du Vietnam pour délivrer un universel message d’amour, et qui reste une des chansons les plus célèbres des Beatles. Et surtout ‘Hey, Bulldog’, rock puissant soutenu par une basse d’enfer, certainement la meilleure surprise de cet album finalement assez dispensable des Fab’ Four. A parcourir pour parfaire votre culture Beatles ...