Il y a des artistes qui paraissent être touchés par la grâce, quoiqu'ils fassent ou entreprendre. Alicia Mertz est de ceux-ci. Nombreux sont ceux - dont votre serviteur (personne n'est parfait) - qui la découvriront par le biais du toujours aussi inspiré label, Denovali, dont on ne cesse de vanter la qualité des signatures. Ce n'est pas grave, le plus important étant de la découvrir, justement. Et à tout prix.
Surgit il y a peu depuis sa Nouvelle-Zélande natale avec une première carte de visite intitulée Without The World (d'ailleurs récemment réédité par l'écurie allemande), la jeune femme dont l'idendité se confond avec celle de Birds Of Passage, est donc une artiste au sens noble du terme, à la fois auteur, compositeur et intérprète d'un répertoire encore en gestation mais qui s'enrichit rapidement.
D'abord solitaire, Alicia multiplie les collaborations, avec Leonardo Rosado (pour Dear And Unfamiliar), prochainement avec I've Lost (le split I Was All You Are) ou encore l'ubiquiste Aidan Baker, le temps d'un titre (mais quel titre !), "Forbidden Love" que le Canadien - à la flute - hante de sa présence si personnelle et dont il souligne la profonde tristesse, second des trois morceaux structrant le EP Highwaymen In Midnight Masks, prélude à l'album Winter Lady publié dans la foulée.
Se réclamant aussi bien de Sigur Ros que des Cocteau Twins, Birds Of Passage esquisse une pop plus squelettique qu'intimiste, écrite à l'encre grise d'une mélancolie diaphane. D'un dépouillement janséniste dans les effets tout à fait admirable, la belle en dit beaucoup avec peu. Quelques notes d'un clavier fantomatique aux allures d'harmonium ("I Have My Heart"), une guitare saturée au bord du Drone et surtout cette voix fébrile et émotionnelle souvent à deux doigts de se casser, qui perce un brouillard hivernal, lui suffisent à exprimer une palette de sentiments entre douleur et solitude.
Sans faute de goût, on ne peut qu'être séduit par ce kaléidoscope d'images sonores dont le minimalisme n'a d'égale que la fragile beauté ; trois titres seulement qui valent des albums complets...