Ecrit en pleine Beatlemania, “Beatles For Sale” est lancé par le groupe dans un moment d’épuisement. Les tournées incessantes (deux tournées aux Etats-Unis en cette année 1964) et la folie qui les entoure, ainsi que la nécessité de respecter le rythme de deux albums par an (!) ont largement contribué à influencer la tonalité de l’album : car la fatigue se fait sentir...
Premier signe, contrairement au précédent “A Hard Day’s Night”, il contient de très nombreuses reprises, exécutées de façon fort classique : sur les 14 titres, six sont des covers, une tendance qui va s’estomper puis disparaître dans les albums suivants. Par ailleurs, il y a peu de titres marquants dans ce “Beatles For Sale”, à part le très efficace ‘Eight Days A Week’. Pour le reste, les Beatles sont ici plus suiveurs que pionniers, même s’il est possible de déceler çà et là quelques-unes des qualités propres du groupe : le don de Paul pour les ballades (‘I’ll Follow The Sun’), l’apparition de textes plus personnels pour John, fortement inspiré par Bob Dylan (‘I’m A Loser’), et le soin apporté dans les harmonies vocales, une constante dans l’histoire des Fab’ Four.
L’album est également le premier dans lequel les 4 quatre garçons manifestent un intérêt pour la technique : première utilisation du fade in /fade out, timide apparition des over dubs (technique de réenregistrement), utilisation du steed effect (fort écho ...), et emploi d’un magnétophone 4 pistes pour l’enregistrement (à l’époque, ça faisait beaucoup !).
Ainsi, si musicalement “Beatles For Sale” ne brille pas par la trace qu’il a laissé dans l’histoire du groupe, il est tout de même un jalon intéressant sur le plan technique, préfigurant l’extraordinaire travail que les Beatles réaliseront en studio, surtout après “Sgt Pepper”.