Il y’avait eu "Eat Me, Drink Me" en 2007, qui, disons le franchement, avait déçu... Puis, en 2009, un "The High End of Low" encore plus médiocre... C’était alors tout un mythe qui se réduisait en cendres. Celui de Marilyn Manson. Le double M, le King Of Fuck. La raison de cette déchéance paraissait limpide : le départ de Twiggy Ramirez, bassiste et producteur de Manson. Si le chanteur a prouvé qu’il pouvait continuer sans Ramirez, en créant notamment son propre label suite à la rupture avec Interscope en raison des mauvaises ventes de The High End Of Low, l'annonce de son retour pour la sortie d'un nouvel album, "Born Vilain", a fait son effet, faisant espérer un retour aux sources.
Première surprise : Ramirez a laissé tomber sa basse pour prendre le poste de guitariste au sein du groupe alors que relativement peu de changement de personnel est à déplorer, Ginger Fish (batterie) étant le seul à céder sa place à un certain Jason Suter. Pour ce qui est de la musique, le groupe risque encore une fois de diviser, le très bon cotoyant le très mauvais.
De Hey Cruel World à Pistol Whipped, en passant par le digeste et sympathique single No Reflection, le résultat est franchement bon. Ce métal plombé aux notes néo/indus, soutenu par cette éternelle production sans faille, est toujours aussi puissant et emballant. Overneath The Path Of Misery, intéressera également avec son atmosphère angoissante, menée par une cadence plutôt lente très impressionnante, basée sur deux accords tranchants. Quant à The Gardener, s'il est le titre le plus étrange de l’album, il en est également le meilleur avec un gros jeu de basse bien pesant, son alternance de chuchotements, de parties parlées et de chants accompagnés de cœur… Un titre flirtant avec le prog, alchimie de Marilyn Manson et Rammstein pour les arrangements.
Et puis... rien ou presque... La quasi-totalité des titres restants laissent un vilain arrière gout de minimum syndical, Manson ayant malheureusement misé sur du mid-tempo étiré hyper barbant (Children Of Cain, The Flowers Of Evil…). Le seul crédit que l’on peut donner à ces morceaux, c’est la complexité des compositions, notamment dans l’apport des habituels effets électroniques. Et au milieu de cet ennui... Une perle. Perle à mettre du côté d’un This Is The New Shit, Love Song ou The Beautiful People. "Murderers Are Getting Prettier Every Day" éclate ainsi littérallement avec son death/thrash ultra speed à la Machine Head avec un son garage cradingue. Le refrain de ce morceau lui permet d’accéder au firmament de ce qui risque d’être une grosse tuerie en live.
Malgré son éclectisme et une certaine ouverture d’esprit, "Born Vilain" ne repose au final que sur une petite poignée d'excellents titres. Au moins nous voila rassurés : Marilyn Manson est toujours là, et il risque de nous faire rêver encore un moment. Mais rappelez-vous bien qu’un album de Manson s'écoute avant tout pour passer du bon temps car vous n'y trouverez rien de bien révolutionnaire...