Si vous suiviez l'activité du label Adipocère, peut-être vous souvenez-vous de certaines de ses signatures telles que Aquilon ou Beyon-d-Lusion, groupes qui ne furent pas ce qu'il nous a fait découvrir de mieux, sans être le pire non plus, modestes formations hexagonales à l'origine d'un alliage puissant entre chant féminin et metal moderne. Eh bien, Astral Tears nous évoque un peu ces groupes à la carrière incertaine. En plus progressif toutefois, ou plutôt, en plus djent, nouveau vocable désignant un (sous) genre qui se réclame d'une technicité échevelée au service d'une musique extrêmement dynamique et que sillonnent des nervures ultra heavy.
Ces quelques lignes doivent déjà vous donner une petite idée de ce que les Orléanais ont dans le ventre. Si ceux-ci ne manquent pas de souligner les influences orientales qui les inspirent, celles-ci affleurent plus qu'elle ne forme la colonne vertébrale de Hypnotic, leur galop d'essai et probable concept-album. Judicieusement utilisés, comme le prouve "Awake" et ses parties de batterie envoûtantes, ces emprunts constituent un des atouts de ce quatuor déjà impressionnant de maîtrise.
Du visuel à la prise de son, aucune maladresse ne vient entacher un menu riche de douze solides morceaux ("Tell Me Lies", "Hate The Enemy", "Back To Life"...), parfaitement exécutés par des musiciens au taquet. Parfois pas si éloignée que cela d'une Cristina Scabbia (Lacuna Coil), Beyza possède un timbre d'une jolie pureté dont on regrettera juste qu'il ne soit pas plus diversifié. Quand elle se pare d'atours aux accents arabes, comme elle le fait par exemple sur "Desire", la jeune femme fait mouche et on aimerait la voir davantage encore explorer ces couleurs ensoleillées, empreintes de tristesse, ce qui conférerait sans doute plus de personnalité, et de mystère également.
Tout cela est donc très bien fait, carré et rigoureux mais manque un peu de folie, Astral Tears ne quittant jamais les rails sur lesquels il s'est posé. Corollaire de ce relatif défaut, Hypnotic ne surprend pas autant qu'on l'aurait souhaité et que ses magnétiques apparats laissaient espérer. Mais, répétons-le, pour un premier album, celui-ci est déjà pétri de qualités que certains combos au long passé ne pourront même jamais s'enorgueillir de posséder...