En proposant "Symbol Of Life" Paradise Lost a su redresser une barre artistique très fragilisée. En retrouvant un label humain et en sachant surtout proposer à nouveau une musique fraiche et inventive, le quintet anglais a prouvé qu'il avait un avenir moins sombre que ce que l'on craignait. Malgré tout, il y a une mauvaise nouvelle à l'aube de ce 10ème album: le batteur Lee Morris quitte le vaisseau, lassé du manque de reconnaissance, et est remplacé par Jeff Singer qui travaillait auparavant avec Blaze Bayley. Mais cela n'handicape finalement pas le solide quatuor, socle du groupe depuis les débuts. Paradise Lost est sur la voie de la renaissance et va s'y accrocher solidement. Ce 10ème opus est éponyme comme pour bien souligner la chose et, de nouveau, est produit par Rhys Fulber qui va propulser le groupe encore plus vers l'avant. Il réussit à mettre en son ce que Holmes et Mackintosh veulent faire depuis "One Second" et dont ils étaient très près avec "Symbol Of Life": réussir la parfaite symbiose entre rock métal gothique et sons électroniques et new-wave.
Ainsi "Paradise Lost" est une belle réussite, sombre et prenant, et porté vocalement par un Nick Holmes qui reste sur cette inspiration new-wave à la Depeche Mode. Bien sur, le disque ne fera pas revenir tous les anciens fans, mais il est un mixe parfait entre les différentes époques du groupe. Tout cela nous donne un disque très équilibré, entre tubes courts et directs aux refrains irrésistibles, et avec ce côté glacial de la new wave qui leur va si bien. Ainsi "Don't Belong", "Forever After", "Accept The Pain" et "All You Leave Behind" sont de superbes chansons ciselées à la perfection. Les guitares se font présentes mais les sonorités électroniques se font une place discrète mais fondamentale tant elles apportent ce petit plus qui fait la différence. Et il est vraiment difficile de résister à ce chant qui magnifie le tout avec classe, les refrains de ces 4 titres étant vraiment des modèles du genre.
La suite du disque est à considérer avec la plus grande attention car, loin de faire du remplissage, "Grey", "Sun Fading" ou encore "Laws Of Cause" et "Over The Madness" sont de belles pièces à mi-chemin entre le métal d'avant et les influences pop-wave. Holmes y alterne un chant posé avec de temps à autre quelques montées en puissance. Certes, il ne hurle pas, mais il montre qu'il a encore un sacré coffre. Ces titres montrent surtout des mélodies finement travaillées qui se laissent découvrir d'écoute en écoute et à ce titre, "Over The Madness", qui conclut le disque, est un modèle du genre tant il est riche en passages tour à tour délicats et heavy, le solo final de guitare donnant le frisson par son côté aérien.
Sombre et sincère, "Paradise Lost" est un grand disque, même s'il n'est pas aussi reconnu que ses pairs dans la discographie du groupe anglais car pas forcément facile d'accès pour tous. Il se laisse découvrir avec des écoutes et un esprit aventureux. Paradise Lost signe avec ce disque une certaine quintessence de ce qu'il cherche à faire depuis quelques années et on le sent prêt à de nouveau changer de cap et à refermer une page incomprise de leur histoire mais intensément riche.