Dans quelque domaine que ce soit, lorsque l'on met en présence des éléments qui ne sont pas habitués à vivre ensemble, le résultat est en général catastrophique ou, au contraire, ouvre de nouveaux horizons. N'importe lequel d'entre nous qui aura eu un parfait manuel du petit chimiste étant gamin l'aura constaté, tantôt avec horreur, tantôt avec ravissement, et il est intéressant de noter qu'en musique, ce type d'expérience peut mener à tout.
Alors en cette belle année 2000, le croirez-vous, Lana Lane s'associe à Erik Norlander (pas étonnant) et Arjen Lucassen (plus surprenant) pour nous sortir un album qui m'aura séduit durant la première écoute uniquement, et encore...
Reprenons l'objet dans sa globalité et essayons de comprendre.
On ne présente plus Arjen Anthony Lucassen, maître du riff qui tue mais ayant une petite tendance à ne pas toujours choisir correctement ses amis. Vous me direz que lorsqu'on décide de s'entourer en permanence d'une multitude de musiciens plutôt que de se fixer sur un groupe classique, il est un peu normal de tomber parfois sur des musiciens n'ayant pas les mêmes inspirations et visions que soi-même.
Ceci dit, sur Secrets Of Astrology, le guitariste remplit parfaitement son office, dans la plus pure tradition de son principal groupe, Ayreon.
Ceux d'entre vous qui suivent un peu mes chroniques savent déjà ce que je pense d'Erik Norlander, mais je me permettrai tout de même de le rappeler ici.
Erik Norlander est un personnage qui, à mon humble avis, a élevé le concept de la guimauve au rang d'art. Avec son album "Into The Sunset", je pensais n'avoir peut-être pas eu de chance, mais en entendant sa prestation ici, je m'aperçois qu'il s'agit de la façon d'être du claviériste en question : ses idées pourraient être qualifiées de "simplement démodées" si l'on souhaite rester gentil mais personnellement, je trouve le terme de "vomitives" nettement plus adapté, que ce soit dans les harmonies utilisées ou dans les sons émaillant la majorité des compositions de cet album.
Quant à Lana Lane, sa voix est certes puissante et juste mais elle a une facheuse tendance à se montrer poussive dans les aigus.
Alors quel peut être le résultat d'une telle collaboration ?
On l'aura compris : ça n'est pas folichon mais certains morceaux arrivent à sauver l'ensemble.
Ainsi, les plus indulgents d'entre nous accepteront sans trop sourciller les deux premiers morceaux ou un "Guardian Angel" honorable, sans plus. "Tarot" sort nettement du lot, ainsi que "Asherah" ou encore "Long Winter Dreams".
Mais à côté de tout cela, les ratés sont beaucoup trop nombreux, à commencer par les guimauves (je me répète, certes, mais je ne vois pas d'autre terme pour caractériser cela) que sont "Alexandria", "The Bell" ou "Under The Sun".
Et quand ça se met à speeder ("Speed Of Sound"), on se retrouve projeté dans les années 80 et les tubes FM d'autres chanteuses ayant eu leur heure de gloire, comme une certaine Lee Aaron.
Certes, on peut avoir la nostalgie des 80's, aimer les jolies mélodies et les sons un tantinet pompeux, mais je me demande quand même si pour une vingtaine d'euros, il ne serait pas permis d'entendre quelque chose d'un peu plus imaginatif, moins fatiguant et surtout moins facile.