Une croupe (forcément) féminine et aguichante qui s'offre à nous dans le plus simple appareil ou presque (mais tout est dans le presque), des jambes corsetées de cuir, une main tenant un objet contondant et des gerbes rouges dont on ne sait pas s'il s'agit de roses ou de sang. Avec un tel visuel, Inferno Museum ne pouvait pas passer inaperçu. Pourtant, la qualité un peu bondage/SM de cette pochette paraît presque anecdotique en comparaison de la musique qu'elle est chargée d'illustrer.
Ce premier crachat d'Allhelluja (quel nom !) est un vrai brûlot, un de ces coups de poings que l'on se prend dans la gueule. Et on en redemande en plus. Bien qu'officiant déjà au sein de Hatesphere, qu'il a depuis quitté comme le groupe italien d'ailleurs, c'est tout de même un peu grâce à Inferno Museum que beaucoup on découvert l'imposant Jacob Bredahl, chanteur à la présence animale dont l'organe de feu est capable de sauver n'importe quel album. Malgré le savoir-faire de ces acolytes, le Danois forme l'incontestable clé de voûte d'un édifice auquel il confère rage et puissance.
Il faut l'entendre éructer tout du long de cette dizaine de cartouches que certains maladroits ont tenté d'arrimer au Stoner alors que, de la grosse patte goudronneuse de Bredahl aux riffs gros comme des jambons moulinés par le guitariste et la rythmique de bûcheron énervé, Allhelluja est en réalité assez inclassable, promenant son metal sale et épais aux confins du Thrash et du Hardcore, le tout biberonné aux ondes sabbathiennes, au sexe et au Jack Daniel's. Quel cocktail !
Authentique et sans afféteries, le quatuor va surtout à l'essentiel, emporté par une énergie incroyable, il transpire l'urgence explosive, ce qui ne l'empêche pourtant pas de soigner les ambiances, comme sur le lent "Inferno Museum" notamment. 'Orgasmatique', l'opus alterne enclumes survoltées (le quasi punk "Who's Gonna Kill My Lady ?, "A Perfect Man") et titres aux reliefs plus travaillés bien que toujours rugueux ("Nervous Titter"), où les musiciens s'en donnent à cœur joie et donnent tout ce qu'ils ont comme si demain ne devait pas exister.
L'inspiration dressée sans aucun signe de mollesse ("Miss M", "God Is Laughing"), les Italiens impressionnent. Sauront-ils faire mieux par la suite ? Pas sûr. Mais les deux œuvres suivantes, dont la dernière (à ce jour) n'est pas animée par le Danois tatoué, semblent plus contrôlées, plus lisses sans doute, répandant moins une odeur de cambouis mais demeurent néanmoins toujours aussi jouissives. Inferno Museum possède toutefois ce charme de la première fois, ce brin de folie, cette impression que tout peut arriver, dérailler à n'importe quel moment, propres aux galops d'essai et dont ses successeurs aussi réussis soient-ils sont dépourvus.